La profession tient à rendre hommage à Gérard Baudry au moment où ce dernier passe les rênes de Fondouest à son successeur pour prendre sa retraite. Celui qui fit croître
pendant vingt ans ce bureau d’études de géotechnique et fut durant huit ans président de l’USG n’était pas issu du sérail.
Quand il répond à une annonce sibylline pour devenir directeur d’un bureau d’études, sans que l’activité et l’implantation soient précisées, Gérard Baudry est loin d’imaginer la double surprise qui l’attend : renouer avec sa passion de la mécanique des sols qu’il avait durant ses études
d’ingénieur à l’INSA de Rennes, et revenir dans la région de sa prime enfance, la Normandie. C’est ainsi que Pierre Guinnement le recrute en octobre 1999 pour lui succéder à la tête du bureau d’études Fondouest qu’il avait créé en 1986, d’abord comme président- directeur général.
À l’aube de son départ, Gérard Baudry témoigne combien ces 20 années lui ont procuré de plaisirs et de satisfactions. De la fierté, également « d’avoir pu faire progresser, avec le soutien de tous les collaborateurs, le chiffre d’affaires de l’entreprise tout en diversifiant la nature des projets étudiés, d’avoir pu contribuer à la formation des jeunes chefs sondeurs ». Il regrette que la filière géotechnique ne soit pas davantage valorisée, tant elle offre de multiples perspectives d’épanouissement . « Comme la géotechnique n’est pas une science exacte, elle donne à l’homme la possibilité de s’exprimer à travers un métier varié, non stéréotypé », ajoute-t-il..
Quand il devient officiellement P-DG de Fondouest, en avril 2000, l’entreprise compte alors 28 collaborateurs et fait 3 M€ de chiffre d’affaires. Aujourd’hui, Fondouest emploie 61 personnes, dont
20 ingénieurs, pour un chiffre d’affaires de 7 M€.
L’activité se développe toujours sur le Grand Ouest, mais elle n’est plus centrée sur la Normandie. Elle se répartit sur 3 régions : Pays de Loire, Bretagne, Normandie, au travers des agences en périphérie de Rennes, de Rouen, d’Angers et du siège historique de Granville. Les 4 agences sont structurées à l’identique, avec un chef d’agence, des moyens machines dédiés et des ingénieurs affectés sur les agences, de façon équilibrée, sauf sur Granville où se trouve le noyau historique des chefs sondeurs ainsi que les services administratifs.
Le BET a la double compétence, habituelle au sein de la majorité des entreprises de même nature :
l’ingénierie classique et l’activité de sondage-investigation, indispensable à la bonne exécution du métier d’ingénieur. Fondouest étudie toutes les natures d’ouvrages courants et complexes en géotechnique, à l’exception des tunnels, que ce soit des pavillons individuels ou des projets plus importants tels que le CHU de Nantes, la plateforme postale à Rennes, des projets d’infrastructure comme les investigations menées sur la LGV Le Mans-Rennes, ou encore, depuis 2012, des investigations sur le Grand Paris que le BET réalise en partenariat avec ERG, dans le cadre d’un groupement dont ERG est mandataire.
Avant de prendre la tête de Fondouest, Gérard Baudry était un pur profil du BTP. Impatient de décrocher au plus vite un emploi, le jeune ingénieur en génie civil renonce à sa sortie d’école à son intérêt pour la géotechnique et intègre SAE, devenu Eiffage. Il sillonne différentes régions de l’Hexagone au gré des projets et des affectations. Après un passage chez Bouygues, puis Vinci, les perspectives que lui offrent les majors du BTP ne répondent plus à ses aspirations. C’est alors que se présente la mystérieuse annonce à laquelle il décide de répondre pour tenter un nouveau challenge.
Il reconnaît que franchir le cap de l’aventure de la direction d’une PME de 30 personnes a été un choc un peu brutal. Outre la différence d’échelle, il mesurait soudainement combien le risque d’erreurs stratégiques qu’un grand groupe pouvait à la rigueur absorber aurait des conséquences hautement préjudiciables pour l’entreprise et ses collaborateurs.
Il avoue avoir eu à ses débuts le sentiment que certains de ses pairs ne le trouvaient pas à sa place. Mais le bonheur de relever ce défi entrepreneurial et les responsabilités trop prenantes ne lui laissèrent guère le temps de s’appesantir sur ce ressenti. En effet, Fondouest était déjà membre de l’USG et son prédécesseur avait souhaité qu’il y poursuive son engagement, tant pour l’entreprise que pour la profession, une conviction qui deviendra rapidement sienne, tant il lui paraît indispensable de promouvoir ces métiers près des intervenants à l’acte de construire.
Dès son arrivée en 2000 à l’USG, il participe, sans rôle officiel, aux travaux sur la valorisation des prestations géotechniques. Jacques Robert, qui présidait l’organisation à cette période, l’invite à être candidat pour entrer au bureau. C’est ainsi que dès le 4 juillet 2002, il en prend la présidence pour deux mandats consécutifs de 4 ans. Il lui semble qu’il a essayé d’y apporter ce qui était propre à son caractère, mais aussi ce qu’il avait pu apprendre ailleurs dans le monde du BTP et qui était transférable à profit. Son mandat a été marqué par les travaux sur la norme NF P 94-500, avec la première révision en 2006, et par le développement de la formation, qui lui tient à coeur, avec le lancement des premières formations de sondeur. Depuis, cette formation s’est structurée et elle est désormais reconnue par un titre. À Fondouest, fait-il remarquer, « beaucoup des chefs sondeurs sont issus de ces premières formations. Nous partagions au sein de l’USG une volonté très collective de détecter des jeunes, de leur faire découvrir et apprécier ce métier dont la particularité est de ne pouvoir s’apprendre et de se maîtriser que par le biais du tutorat. »
Sous sa présidence, Gérard Baudry a également proposé d’élargir la sphère d’influence de l’USG en rejoignant une structure plus importante, ce qui fut fait en adhérant à Syntec-Ingénierie. Jacques Robert devint alors président du comité géotechnique de Syntec-Ingénierie. Gérard Baudry s’attela à ses côtés à la réforme de la norme dans sa dernière révision en 2013. Les engagements de Gérard Baudry au sein de Syntec-Ingénierie ont perduré jusqu’en ce début d’année 2019, même s’ils ont été réduits par la période de préparation de sa succession à Fondouest. Depuis le début de l’année, son futur successeur a pris son relais dans les groupes de travail auxquels il participait.
Il est vrai qu’une succession se prépare… Après en avoir lui-même bénéficié, Gérard Baudry a à son tour anticipé le moment de partir. Une première étape en 2012 avait vu le rachat de l’entreprise par des cadres en responsabilités de l’entreprise. Son successeur désigné depuis janvier 2019 Frédéric Turmet, est appelé à prendre sa place en juin 2019. Tous ont le souci de faire perdurer l’aventure.