Les gares du Grand Paris Express auront chacune la particularité d’abriter une oeuvre d’art pérenne, résultat de la rencontre entre l’art et l’architecture. Pour la future gare Châtillon-Montrouge, le tandem attitré se compose de l’artiste Laurent Grasso et de l’architecte David Trottin (agence Périphériques).
La tête dans les nuages : c’est ce que propose en effet le duo d’hommes aux futurs usagers de la gare Châtillon-Montrouge, avec un faux plafond en trompe-l’oeil représentant un ciel inspiré des peintures de la Renaissance. Récemment réunis au Cent-Quatre aux côtés de José-Manuel Gonçalvès, directeur des lieux et directeur artistique et culturel du Grand Paris Express, l’artiste et l’architecte ont découvert un prototype miniature de leur future oeuvre XXL. Suspendu au plafond, afin de tester l’effet du trompe-l’oeil à différentes hauteurs et avec un éclairage modulé, cet échantillon de 1 m sur 1 est composé de 7 lames sérigraphiées en aluminium. Rendu de l’impression, brillance du matériau, lignes de brisure, fine observation des nuanciers de couleurs, profondeur de l’image, reflets de la lumière, effets d’optique : ce modèle réduit est passé au peigne fin par le tandem afin que la future entreprise qui sera désignée pour réaliser le plafond puisse procéder à l’opération.
Un petit bout de ciel bien loin de sa taille définitive, 800 m² au total, qui seront divisés en 3 000 lames ! Pour réaliser le fichier d’impression, Laurent Grasso réalisera une peinture de plusieurs mètres de longueur. Elle sera ensuite photographiée en HD pour recomposer un fichier qu’un graphiste appliquera lame par lame. Tel un puzzle, chaque pièce, numérotée, composera une partie de l’image finale. Chaque lame étant composée de trois faces, cette oeuvre représentera, au final, 8 000 fichiers d’impression.
Avec des quais situés à 30 m de profondeur, la future gare Châtillon-Montrouge sera composée de 4 niveaux intermédiaires, dont une mezzanine. Au centre, un grand puits ouvert en forme de losange sera bordé d’escaliers et d’escalators. Cette configuration offrira une grande spatialité et une multitude
de points de vue. C’est dans cette optique que le tandem a imaginé cette oeuvre : quelle que soit leur position à l’intérieur de la gare, les usagers pourront apercevoir ce ciel en trompe-l’oeil, qui évoluera au gré de leur descente jusqu’aux quais. Ces trouées célestes participeront au jeu sur les échelles
pensées par David Trottin pour « animer et éclairer l’espace afin d’inviter le voyageur à adapter son regard pour percevoir tous les détails dissimulés dans le lieu. ». Avec ce trompe-l’oeil, le tandem invite aussi les usagers à « partager une expérience sensorielle et hypnotique », ainsi que le souligne Laurent Grasso. Pour lui, ce vaste ciel, qui n’est pas sans rappeler le plafond de la chapelle Sixtine de Michel-Ange, est une façon de « réinterroger l’histoire avec une technique contemporaine.
Il installera une situation intrigante et ambiguë ». Un véritable bout de paradis…