QUALITÉ CHIMIQUE DES SOLS : LES ACTEURS DES CHANTIERS URBAINS SE MOBILISENT - <p>Mieux reconstruire la ville<br />sur la ville, mieux gérer le sol.</p>
01/04/2016

QUALITÉ CHIMIQUE DES SOLS : LES ACTEURS DES CHANTIERS URBAINS SE MOBILISENT


Variables etcomplexes, les solsurbains sont souventdes milieux mal connus.

Mieux connaître la qualité chimique des sols urbains est indispensable pour aménager les villes selon les principes de l’économie circulaire et dans le respect des enjeux sanitaires. Explications avec Jean-François Brunet du BRGM.

Les phénomènes de mitage des campagnes et d’artificialisation des sols au détriment des terres arables encouragent les villes à se reconstruire sur elles-mêmes, notamment en réutilisant les friches
urbaines (Loi ALUR*). Par ailleurs, l’économie des ressources de terre végétale, de granulats et de
l’espace disponible dans les lieux d’enfouissement favorise le recyclage des matériaux excavés lors
des chantiers, jusqu’ici considérés comme des déchets.
Mais les agglomérations s’étendent sur des sols souvent mal connus ou sur des remblais de qualité douteuse, parfois impactés par des décennies d’activités artisanales et industrielles.
Dans un contexte de croissance constante du taux de population vivant en ville, et potentiellement exposé à ces sources de polluants, la connaissance de la qualité chimique des sols urbains devient ainsi une préoccupation prépondérante, partagée par de nombreux pays.
L’ADEME et le BRGM** ont signé, depuis 2010, deux conventions pour la détermination des teneurs
habituellement rencontrées pour les principales substances minérales et organiques présentes dans
les sols des parcs et jardins publics des agglomérations françaises.
Les premiers résultats semblent confirmer qu’un référentiel national ne peut être représentatif localement et n’a de valeur qu’à titre indicatif ou comparatif. De plus, les teneurs des substances
recherchées sont globalement plus élevées dans les agglomérations que dans les zones rurales environnantes. Enfin, les sols des agglomérations présentent une « signature » chimique différente en fonction de leur climat, de leur histoire et des caractéristiques de leurs activités présentes ou passées.
Ces travaux ont aussi pointé, à chaque étape de la démarche, plusieurs questions méthodologiques pour lesquelles l’ADEME a décidé de mettre en place un groupe de travail dit « Bruit de fond ». Son objectif est d’établir d’ici 2017 un guide des bonnes pratiques dans le domaine.

La collection d’analyses de sols urbains obtenue, encore insuffisante, doit être enrichie et complétée
pour répondre aux besoins de connaissance de la qualité des sols, de référentiels et de fonds géochimiques urbains dans différents contextes (diagnostics de sols, gestion des terres excavées...). Le BRGM procède donc à la refonte de sa base de données, BDSolU (base de données des analyses
de sols urbains), qui permettra la bancarisation et la description d’un nombre accru de données,
recueillies dans des conditions et selon des protocoles variés.
Depuis 2015, le BRGM propose un accompagnement technique aux agglomérations intéressées par la
connaissance de la qualité des sols de leur territoire. Cette démarche s’appuie sur la mise en oeuvre de BDSolU, et a pour objectif la valorisation des données existantes, l’acquisition de nouvelles données ainsi que leur traitement selon des protocoles homogènes.
Dans cette perspective, les acteurs des chantiers urbains d’aménagement, de réhabilitation et de
dépollution se verront, à l’avenir, plus souvent associés à des campagnes de prélèvements et d’analyses permettant d’améliorer la connaissance de la qualité des sols urbains.

 

Jean-François Brunet
Direction eau, environnement & écotechnologies
Unité sites, sols et sédiments pollués
BRGM