Les aménagements portuaires, en raison de leur ampleur et de leurs spécificités, demandent des investigations géotechniques à la fois conséquentes et techniques du fait de leur
environnement singulier. Au cours de ces dernières années, Ginger CEBTP a été associé à de nombreux projets portuaires d’envergure avec des problématiques bien différentes. Nous en présentons deux dans le présent article.
EXTENSION DU PORT DE PORT-LA-NOUVELLE (AUDE)
Le projet consiste en l’aménagement, au nord de la passe d’entrée actuelle du port, d’un nouveau bassin portuaire, dimensionné pour un navire projet, de 225 m de longueur et pour un tirant d’eau de 14,5 m, délimité par de nouvelles digues en mer. Il comprend également la création de nouveaux quais et terre-pleins jouxtant la plate-forme nord. Un projet de quai dédié à l’éolien en mer est également prévu au programme. Ginger CEBTP a été associé au projet, mené par la Région Occitanie, au travers d’une mission d’investigations géotechniques et essais en laboratoire.
Les investigations menées l’ont été à la fois sur la partie terrestre des aménagements, mais également et surtout au droit des ouvrages maritimes (quais, digues) pour lesquels une plateforme autoélévatrice a été utilisée en support nautique.
La première campagne a été menée d’octobre 2013 à août 2014, et a consisté en la réalisation depuis la plateforme de :
La plateforme utilisée est équipée de pieux de 27 m et d’un plateau de 12 x 18 m, permettant de se positionner dans des eaux relativement profondes et relativement éloignées de la côte. La plateforme a été amenée par la route avec un convoi de 6 semi-remorques et le montage a duré 2 semaines. Elle a reçu son permis de navigation juste avant le démarrage des investigations, après une série de contrôles poussés. La plus grosse difficulté rencontrée a été les conditions de mer, particulièrement défavorables dans la période hivernale, avec une houle souvent importante et associée à un vent très fort, caractéristique de la commune de Port-la-Nouvelle et du littoral voisin. Les hauteurs d’eau rencontrées ont pu s’élever jusqu’à plus de 20 m, et les points de sondage réalisés pour certains à plus de 2 km de la côte. Les périodes de stand-by, dues à l’impossibilité d’accéder à la plateforme ou de la déplacer en fin de forage, ont été fréquentes, malgré le recours aux remorqueurs du port.
Pour mener à bien cette campagne, Ginger CEBTP a mis en place une logistique particulière, adaptée à ce type de mission. Le matériel mis en oeuvre était éprouvé, le plus fiable pour minimiser les pannes. Les outils de foration, tiges, tubages, matériel CPT avaient été apportés en nombre plus important qu’à l’habitude et stockés sur la plateforme ou à la base vie terrestre pour limiter leur agression par les intempéries et les embruns.
De par sa taille, la plateforme a pu accueillir un camion CPT 200 kN et une foreuse pour la pose du tubage de garde. Une difficulté a été de pouvoir foncer les tiges du pénétromètre tout en évitant leur flambement sur la hauteur libre, entre la plateforme et le fond marin, dans les zones les plus éloignées du rivage. Un tubage spécifique à ailettes a dû être employé.
La deuxième campagne a été réalisée entre mai et juillet 2017 sur la plage d’amortissement, toujours à base de CPT, pressiomètres et carottages, dans le cadre du projet de quai éolien.
La proximité de la plage et les hauteurs d’eau plus faibles (6 m maximum) ont permis d’utiliser une plateforme de taille plus réduite et un travail posté plus facile à organiser. La période de réalisation et la protection offerte par la digue nord actuelle ont fait que les stand-by ont été quasi inexistants. L’organisation mise en place en 2013 a été reconduite avec un travail posté du fait des journées plus longues. L’ensemble des investigations réalisées sur ces deux campagnes a été remis au maître d’ouvrage ainsi qu’à l’équipe de maîtrise d’oeuvre en charge des missions d’études.
Il ressort de nos investigations, entre autres, que des horizons d’argile de faible consistance sont présents en profondeur sous le niveau marin, avec pour conséquence des tassements attendus significatifs, tant en phase provisoire de construction de la digue qu’en phase d’exploitation, avec un résiduel peut être non négligeable.
Des investigations complémentaires seront nécessaires avant démarrage du chantier, et des dispositions constructives et un dispositif de suivi des tassements seront certainement à élaborer au stade des études d’exécution.
RÉFECTION DE LA DIGUE LAUBEUF ET DU LARGE À CANNES (ALPES-MARITIMES)
Fort de l’expérience de Port-la-Nouvelle, Ginger CEBTP s’est positionné sur ce projet, mené conjointement par La CCI de Nice Riviera Ports et la Ville de Cannes.
La mission confiée a non seulement consisté en la réalisation d’investigations terrestres et nearshore, mais également à la rédaction des missions G2AVP et G2PRO de ce projet de confortement. Les digues Laubeuf et du Large ont subi ces dernières années des dégâts importants dus aux fortes houles et vents puissants, et des réparations ciblées ont déjà eu lieu.
Les maîtres d’ouvrage ont alors décidé de lancer des travaux de réfection importants intéressant l’ensemble des ouvrages exposés aux agressions.
D’une manière simplifiée, les travaux consisteront à refaire la protection des talus des digues et construire en partie haute un mur chasse-mer s’opposant à la force des vagues.
4 ateliers puissants ont été mis en oeuvre en parallèle en site terrestre et sur la plateforme autoélévatrice pour réaliser :
La plateforme Kojak utilisée sur ce chantier et à Port-la-Nouvelle en 2017, plus petite, a évolué jusqu’à 15 m environ de la digue dans des fonds marins de 10 à 12 m, en prenant soin que ses pieux ne viennent pas écraser les grandes nacres et herbiers de posidonie, espèces protégées du littoral de la Côte d’Azur et présentes en nombre dès le pied de digue actuel.
Les travaux se sont déroulés d’avril à juillet 2016, en travail posté, avec des contraintes de limitation du bruit, des zones de stockage réduites, et un planning précis du fait des nombreuses manifestations se déroulant à Cannes en cette période.
La zone de l’héliport, concernée par les travaux, a été également un point d’attention particulier du fait des rotations incessantes d’hélicoptères.
L’ensemble des investigations a ensuite été analysé et interprété dans le cadre des missions G2AVP et PRO par la cellule Conception et Projets de Ginger CEBTP.
On retrouve au droit du projet :
Pour chacun des tronçons, les points suivants ont été analysés :
L’ensemble des justifications menées au stade de la mission G2 PRO a montré que l’avant-projet imaginé par la maîtrise d’oeuvre n’était pas remis en cause. L’analyse de la liquéfaction a conduit à écarter le risque d’instabilité par ce phénomène. Néanmoins, en cas de séisme significatif, nous avons préconisé une inspection subaquatique pour contrôler l’état de la butée de pied et prévoir le cas échéant des travaux de confortement.
Les travaux, prévus à partir d’octobre 2019, seront suivis par Ginger CEBTP en mission G4.
Lilian Roche, direction nationale des projets, Ginger CEBTP