Lors de la construction en 1919 du premier aéroport civil de France, Le Bourget, le hall de départ était situé au centre de l’esplanade qui constituait l’entrée principale du site. La composition spécifique de l’esplanade rappelle la géométrie de « l’Oiseau blanc », l’avion qui servit à la première tentative de traversée de l’Atlantique par Nungesser et Coli. En effet, l’implantation, la forme de la halle « Labro », avec la tour de contrôle, et des deux édicules à l’entrée du site dessinent les ailes et l’empennage de cet avion emblématique.
Il peut être compté 3 principales contraintes d’implantation sur site:
La contrainte architecturale a été traitée en collaboration avec les architectes des Bâtiments de France (ABF) ; il a donc été décidé de ne pas impacter la géométrie du site avec une structure définitive. De ce fait, l’implantation de l’émergence principale de la gare du BourgetAéroport (LBA) a été désignée au sud de l’esplanade.
La démolition d’un ancien bâtiment de parkings désaffecté a permis de retrouver une implantation aux abords de l’esplanade. Cette emprise est:
L’émergence est ouverte sur ses 4 faces, offrant une bonne lisibilité de fonction tout en respectant les contraintes du site.
La contrainte vis-à-vis de l’implantation du tunnel de la ligne 17 et le souhait de maximiser les emprises sous l’axe de l’ex-RN2 nous a contraints à solutionner le décalage entre l’émergence en surface et les quais en souterrain. Pour fluidifier l’accessibilité à la gare depuis les habitations du Blanc-Mesnil, une émergence secondaire a aussi été intégrée à l’ouvrage.
La dernière contrainte du site nécessite la création d’une émergence pour évacuer les voyageurs en cas d’incendie en gare. L’interdiction de réaliser de nouvelles structures dans l’emprise du site de l’Oiseau-Blanc nous a obligés à intégrer cette évacuation dans la géométrie d’un des deux édicules à l’entrée du site. Un édicule a donc été démoli ; il devra être reconstruit à l’identique et reconditionné pour être intégré au fonctionnement de la gare du Bourget-Aéroport.
Ces 3 contraintes d’implantation ont imposé la conception d’une structure très étendue. Afin d’optimiser la volumétrie de l’ouvrage, la boîte profonde est dimensionnée a minima (surfaces des quais et raccords sur les circulations verticales) ; pour le reste de la surface, la gare se développe sur un niveau souterrain permettant de connecter entre elles les 3 émergences du site (l’émergence principale, l’émergence secondaire et l’édicule de sortie de secours).
Cette géométrie divise donc la gare en 3 structures distinctes:
PHASAGE DES TRAVAUX DE LA GARE LE BOURGETAÉROPORT (LBA)
TRAVAUX PRÉPARATOIRES
En première phase, d’importants travaux préparatoires ont été réalisés :
Le dévoiement de la circulation de l’ex-RN2 sur le site de l’esplanade autorise la libération d’une grande partie de l’emprise de la gare pour construire l’ouvrage à ciel ouvert. Pendant cette phase, la boîte centrale, la boîte nord et la première partie de la boîte sud sont construites en parois moulées. Lors de son passage le tunnelier arrive sous la boîte nord, traverse la boîte centrale et repart sous la boîte sud. Ainsi le planning des travaux impose un phasage en simultané des 3 boîtes afi n d’assurer un avancement suffi sant pour permettre au TBM de traverser dans de bonnes conditions.
Une fois les 3 ouvrages et le tunnel réalisés, l’ex-RN2 est rétablie sur son emprise initiale au-dessus des ouvrages construits. La 2e phase de travaux de la boîte sud et l’émergence principale sont réalisées en dernier lieu.
PHASAGE DE RÉALISATION DE LA BOÎTE CENTRALE DE LA GARE EN FONCTION DU PASSAGE DU TUNNELIER
La réalisation de la boîte centrale est fortement contrainte par le planning du passage du tunnelier : d’une part, certaines dalles et structures sont en confl it avec le gabarit du TBM ; d’autre part, toute activité réalisée avant l’arrivée de Florence n’est pas perturbée par le passage de trains suiveurs et autre logistique au niveau des voies. L’entreprise a donc choisi de réaliser le maximum des éléments porteurs en amont du passage du tunnelier. Ainsi, poteaux et les dalles intermédiaires seront réalisés en quasi-totalité avant le passage du tunnelier. Les parties centrales en confl it avec le gabarit du TBM ne seront achevées que par après. Ce choix a conduit à un phasage complexe de débutonnage, avec un maintien de certains lits de butons dans les niveaux intermédiaires malgré la poursuite des élévations.
CREUSEMENT DU TBM SOUS LES BOÎTES NORD ET SUD
Il faut noter ainsi, la faible couverture qui sépare la roue de coupe et les radiers des boîtes nord et sud au passage du tunnelier. Une bonne maîtrise des paramètres de creusement, un programme d’auscultation à l’échelle des enjeux, ainsi qu’une conception rigide des ouvrages des boîtes nord et sud permettent de gérer le passage du tunnelier. La technologie du fait de l’asservissement des mesures d’auscultation et la surveillance accrue de tous les acteurs au travers de la mise en place de seuils de pilotage et d’une adaptation des paramètres de creusement à l’avancement sont les outils essentiels à la gestion de ces risques.
Le tunnelier Florence passera donc sous les radiers de la boîte nord, franchira le tympan nord de la boîte centrale, avant d’être ripé jusqu’au tympan de la boîte sud et de repartir sous le radier de celle-ci. Des corbeaux filants sous les radiers des boîtes nord et sud sont en appui sur la boîte centrale, et permettent de limiter les tassements différentiels. Les ouvrages des boîtes excentrées permettent une désolidarisation temporaire par rapport au terrain lors du passage du tunnelier. Cette dissociation temporaire sera compensée après le passage tunnelier par des injections réalisées sous les radiers des boîtes nord et sud via de tubes à manchettes installés avant construction. Une fois les vides et zones de décompression éventuels comblés, les boîtes nord et sud retrouveront leur assise sur le terrain initial.
RÉALISATION DU TUNNEL DE RACCORD VERS L’ACCÈS SECONDAIRE
Pour accommoder les riverains du BlancMesnil, une émergence secondaire a été réalisée dans l’enceinte d’un immeuble d’habitation. Cette émergence est connectée au hall d’échange de la boîte sud par un tunnel de raccord.
La réalisation de ce tunnel de raccord a été dictée par de nombreuses contraintes de site :
Ces exigences contraignent donc fortement la conception et imposent sur cette emprise très réduite une coactivité avec des ateliers de pieux tangents, de micropieux et de parois berlinoises.
Pierre Vandenbossche
Ingénieur en chef de la gare LBA
Antoine Debiais
Chef de projet gare LBA