En qualité d’ingénieurs géotechniciens, notre mission quotidienne est d’identifier au mieux les risques liés aux aléas du sous-sol pour optimiser les hypothèses dimensionnantes et les choix constructifs propres au terrain et à l’ouvrage ciblé. Jusqu’à présent, nos modélisations géotechniques s’appuyaient sur un programme d’investigation souvent localisé dans les limites du site et sur notre capacité d’interprétation entre les points de sondages pour réduire au mieux l’incertitude. Solscore ouvre de nouveaux horizons.
LA « DATA », VECTEUR D’UN NIVEAU DE SERVICE AUGMENTÉ
Intégrer les résultats de ces programmes d’investigations dans une base de données pour les combiner à des données avoisinantes permet, via une analyse statistique poussée, de fournir une
source d’informations bien plus riche qu’une seule campagne localisée. Cette notion de big data, si elle est couplée à une approche probabiliste, permet de mettre en exergue des cohérences ou
des variabilités probantes entre des environnements géologiques similaires et, à plus petite échelle, les variations géomécaniques dans une même couche.
Préalablement contrôlées, nettoyées et structurées, puis passées au crible des algorithmes, les données nouvellement exploitées viennent ainsi enrichir l’analyse de l’ingénieur, pour lui permettre
de mieux évaluer l’incertitude liée aux données du sous-sol dès l’amont d’un projet.
C’est dans cette optique de cercle vertueux, en s’appuyant sur la richesse des données collectées depuis 1958, que le groupe Fondasol a renforcé en 2017 sa stratégie de transformation numérique.
Déployée dès 2021 dans toutes les agences métropolitaines de Fondasol, la plateforme Solscore propose un écosystème d’outils applicatifs qui recentrent l’ingénieur sur sa valeur ajoutée et lui
permettent de proposer à ses clients un niveau de service augmenté via l’accès à la synthèse de l’information associée à un gain de temps dans les tâches usuelles (informations sur la densité de
sondages et les essais réalisés aux alentours du site, enquête documentaire…).
Le niveau de service est augmenté, puisque la volumétrie n’est plus limitée aux seules données d’entrée du projet, mais agrège des données alentour : plus nombreuses et associées aux statistiques,
ces données dessinent une image probable de la lithologie du site d’étude (figures 1 et 2). En vérifiant les données sources, l’ingénieur peut affiner l’analyse, pour fournir plus rapidement une première information sur le site, ajuster une éventuelle campagne d’investigations, et définir in fine un modèle géotechnique au niveau d’incertitude réduit, puisque plus riche de données, et optimiser encore davantage les hypothèses dimensionnantes et constructives de l’ouvrage.
AU COEUR DE NOTRE DÉMARCHE : LA STRUCTURATION ET LA COMMUNICATION DE LA DONNÉE
Qu’il s’agisse des données de sondages, des essais in situ, des données topographiques ou des observations de terrain, l’enjeu au coeur d’une telle plateforme est bien évidemment la donnée, et
notamment sa quantité, sa fiabilité et sa structuration, critères indispensables pour générer des modèles et des usages cohérents.
C’est là qu’interviennent conjointement les métiers de la direction technique et scientifique et ceux de la transformation numérique (product owners, data analysts, data scientists, managers…).
En adéquation avec le principe FAIR, leur enjeu est d’assurer que l’information soit : Facile à trouver - Accessible - Interopérable - Réutilisable. Un tel objectif nécessite notamment un travail préalable d’inventaire des données, avant de les organiser dans une base centralisée, faisant communiquer tous
les outils et applicatifs entre eux. Toute donnée de sondage nouvellement acquise doit également venir enrichir la base de données et alimenter les différents outils de modélisation ou de calculs, tandis que les données ouvertes doivent pouvoir être intégrées via des interfaces type API.
UN ÉCOSYSTÈME 100 % NUMÉRIQUE POUR ALIMENTER ET ENRICHIR LE MÉTIER D’INGÉNIEUR
Comme le souligne Yannick, l’un de nos ingénieurs experts, Solscore associe la connaissance de nos ingénieurs à une source d’archives incroyablement riche pour permettre à chacun de capitaliser sur le travail passé et actuel au bénéfice des projets de nos clients. « Nos données ne sont plus oubliées dans des archives, ou partiellement en mémoire des collaborateurs les plus expérimentés
: elles sont à la portée immédiate de tous les ingénieurs Fondasol. Mises en valeur dans nos modèles géotechniques locaux, elles enrichissent notre connaissance d’un site et nous permettent d’optimiser encore davantage nos préconisations. »
Définition du besoin, investigations nécessaires à la confortation du modèle, réalisation du modèle géotechnique affiné, réalisation des calculs adaptés à la mission géotechnique : Solscore est
la pierre angulaire d’un parcours d’accompagnement complet de l’ingénieur, numérisé à chaque étape du process, chaque outil étant interfacé à la base de données et avec les autres outils.
Ainsi, depuis Solscore, l’ingénieur Fondasol visualise et apprécie plus finement les conditions du site, en recoupant les différentes sources au droit de la parcelle (types d’essais in situ, description lithologique…) et intègre la donnée environnante. L’ingénieur génère ensuite l’enquête documentaire,
désormais automatisée, et s’appuie sur les cartes ad hoc pour sélectionner les données qu’il juge pertinentes sur le site. Sur cette base, un modèle géotechnique prédictif est généré, augmentant
le regard de l’ingénieur sur les caractéristiques mécaniques finales à considérer pour la phase de calculs et de recommandations.
En considérant les variables mises en évidence, l’ingénieur identifie s’il a besoin d’informations complémentaires pour réduire la marge d’incertitude, et programme en ce cas une campagne de
sondages justement adaptée. C’est depuis la version web de notre système de management des investigations (SMI) que l’équipe bureau programme alors la campagne (instructions de chantier, planification) ; les techniciens et équipes de forages disposent quant à eux d’une version mobile sur tablette pour l’implantation des points de sondages et l’acquisition des résultats d’investigations, chacun intervenant pouvant suivre les actions de l’autre en temps réel.
SMI communique ensuite avec SoilCloud (seul partenaire externe de l’écosystème), qui nous permet de collecter les données brutes et de dépouiller les sondages et essais. Les informations de la campagne sont ensuite poussées dans Solscore, et viennent nourrir le modèle. L’ingénieur peut alors affiner les incertitudes qu’il avait préalablement identifiées.
Selon l’étape de dimensionnement, et les objectifs de l’étude, l’ingénieur importera ensuite le modèle dans Pyxis, application web regroupant un ensemble d’outils de calculs anciennement sous Excel. Il réalisera le dimensionnement des ouvrages géotechniques concernés et pourra ensuite transmettre
ses recommandations à l’équipe projet, pour qu’elle les intègre dans la conception globale de l’ouvrage.
En équipant tous les acteurs de la chaîne de valeur de nouveaux outils, l’ambition du groupe Fondasol est de permettre à chacun de gagner en efficience, et de faciliter et fluidifier la collaboration entre les équipes. Elle est aussi de permettre à l’ingénieur de se concentrer sur sa valeur ajoutée : la caractérisation des incertitudes du modèle géotechnique et, en regard, la proposition à ses
clients de recommandations toujours plus affinées.
ET DEMAIN ? FACILITER LA LECTURE DES RISQUES DU SOUS-SOL DÈS L’AMONT DU PROJET
Dans un contexte de raréfaction du foncier et dans l’optique de la zéro artificialisation nette, les enjeux liés au sous-sol tendent à se combiner, entre déformation mécanique du sol, gestion des dépôts anthropiques liés à l’industrialisation, sources de pollution, présence de cavités, gestion des ressources en eau, opportunité de la géothermie…
Dès la phase d’acquisition foncière, les aménageurs et monteurs de projets ont besoin d’intégrer dans leur analyse l’ensemble de ces risques et leurs impacts directs pour le projet et son environnement.
Pour cela, ils ont besoin de disposer d’une première approche des risques et opportunités, bien avant les premières études. Cette approche doit rendre immédiatement accessibles des notions souvent complexes. Le numérique et la mobilisation des data déjà disponibles, appuyés par l’algorithmie
et la géostatistique, permettent d’apporter de premiers éléments de réponse à ce besoin exprimé très en amont des projets.
La filiale, créée cette fin d’année par le groupe Fondasol, entend aller encore plus loin en permettant à ces clients d’avoir accès à une plateforme numérique proposant, pour un site donné, une lecture facilitée et immédiatement accessible des risques liés aux sols, qu’ils relèvent de la mécanique ou la pollution des sols, de la gestion de l’eau ou de l’opportunité de la géothermie, et sans que cette lecture soit dénaturée.
En rendant accessibles des notions complexes et en permettant à des non-sachants d’appréhender le monde du sous-sol sur différentes problématiques métiers (géotechnique, sites et sols pollués,
hydrogéologie, géothermie), cette plateforme pourra reconnecter nos métiers à un écosystème d’acteurs foisonnant, pour certains peu conscients de la nécessité de mobiliser nos expertises
le plus tôt possible pour une appréciation correcte des risques sous-jacents.
Qu’il s’agisse de Solscore ou de cette nouvelle plateforme, l’exploitation contrôlée de la donnée nous permet de créer de nouveaux usages métiers et une nouvelle façon de traiter la donnée dans
nos processus d’ingénierie. Elle nous met en mesure d’anticiper les attentes de nos clients, que ce soit en offrant une information plus rapide et accessible, ou en produisant une conception optimisée tenant compte au mieux des incertitudes liées au sous-sol.
Élodie Vautherin, directrice générale déléguée filiale numérique
Groupe Fondasol
Arnaud Finiasz, directeur scientifique
Fondasol