Depuis quelques années, le métier de la géotechnique, qui était encore en phase d’attente, prend le virage du numérique. C’est une évolution majeure qui est en marche !
En effet, de nombreux travaux se développent à travers le monde concernant la numérisation de notre métier et pour commencer, par celle des données géotechniques.
En France, nous pouvons ainsi citer les travaux du projet national MINnD en parallèle à de nombreuses initiatives de sociétés privées.
Un des défis de cette numérisation est de définir un format unique et interopérable pour les données géotechniques qui sont tellement nombreuses et de natures différentes : données géométriques, natures géologiques, caractéristiques physico-chimiques, caractéristiques mécaniques.
Le tout en prenant en compte les incertitudes qui caractérisent le sol. La profession a pris le sujet au sérieux en participant activement à ces travaux.
Aujourd’hui, de nombreux outils permettent de numériser ces données : acquisition sur le terrain et en laboratoire, dépouillement, stockage dans des formats interopérables, établissement de modèles géologiques et géotechniques, éditions de logs et de rapports factuels.
Les données ainsi traitées peuvent aider à établir des modèles géologiques et géotechniques et de calculs qui, après validation, sont injectés dans les logiciels utilisés pour le dimensionnement des ouvrages géotechniques.
Par ailleurs, l’augmentation de la puissance de calcul permet de réaliser de nombreux modèles de calculs et d’effectuer des centaines de calculs dans le cadre d’une approche probabiliste du
dimensionnement des ouvrages et non seulement par modèles déterministes.
La numérisation des données et des calculs permettra des transmissions plus fluides des résultats dans les bases clients et les maquettes numériques des projets.
Au niveau national, un projet de base de données géotechniques est en cours d’élaboration. Le périmètre de cette base de données n’est pas encore figé et de nombreuses questions se posent
sur les responsabilités des différents intervenants ainsi que sur l’accès aux données.
Notre métier est en pleine évolution et il est difficile à ce jour d’envisager ce qu’il sera dans les années à venir. Les futurs ingénieurs exerceront leur métier différemment et on commence seulement
à entrevoir quelques impacts de ce changement. Nous devons accompagner cette évolution ainsi que celle de la valeur ajoutée du métier d’ingénieur, lequel devra toujours garder son esprit critique.
Aline Quenez
Référent GC géotechniques
Société du Grand Paris
Michel Khatib
Ginger CEBTP