SOLSCOPE 2023 : L'INNOVATION RÉCOMPENSÉE
30/11/2023

SOLSCOPE 2023 : L'INNOVATION RÉCOMPENSÉE


Les lauréats des Trophées de l’innovation.
Adrien Hemet, fondateur d’ADB System.

Les Trophées Solscope 2023 ont été remis lors du Salon. Le jury a remis le « Prix du procédé ou du produit de l’année » à Soilcloud. Il a également attribué son « Coup de coeur » à ADB System pour son coffrage organique. Le bureau d’études Egis s’est vu récompensé par le « Prix de l’ingénierie géotechnique de l’année ». Tandis que le groupe Géotec remporte le « Prix du chantier d’investigations de l’année », le « Prix Jeunes » étant attribué à Thi Phuong Lan Vu, candidature portée par Géotec.
Présentations.

LE COUP DE COEUR POUR LE COFFRAGE PERDU ORGANIQUE D’ADB SYSTEM

 

Les membres du jury ont eu un coup de coeur pour le coffrage perdu organique d’ADB System. Une alternative écologique et économique très intéressante lors de la réalisation de parois de pieux sécants.
L’idée est venue de la problématique du polystyrène jusqu’alors souvent utilisé pour réaliser les coffrages. « L’évolution des normes a interdit de forer ou de brûler les coffrages en polystyrène. Certaines entreprises ont donc développé des sortes de tire-bouchons spéciaux », explique Adrien Hemet, fondateur d’ADB System. Un système qui fonctionnait, mais qui était très chronophage. De plus, les risques pour les ouvriers sur les chantiers étaient importants. Et puis, une fois le polystyrène retiré, il fallait encore l’envoyer en centre de tri.
Un bilan sécurité, financier et carbone désastreux qui ne plaisait pas à ce spécialiste des parois en pieux sécants. Et c’est au retour d’un chantier, après avoir perdu un temps précieux à trier le polystyrène qu’est venue l’idée de créer un coffrage organique.
Il source donc des matériaux près de chez lui. C’est le lin, très cultivé dans sa région pontoise, qui apparaît finalement comme une évidence. « La fibre est exploitée, mais pas la paille de lin. C’est une partie que les agriculteurs cherchent à valoriser.
Ainsi pas besoin de produire à cette fin. » En homme de terrain, il cherche à optimiser la solution et pense ainsi à utiliser un colorant naturel afin de distinguer facilement les emplacements des pieux primaires et secondaires. Enfin, pour aller au bout de son action, il a trouvé le laitier moulu auprès d'Ecocem qui récupère le laitier à Arcelor Mittal pour le broyer finement.
« Ensuite, selon la localisation des chantiers, je source à proximité. J’ai réalisé des coffrages en balle de riz, d’autre en chènevotte… » L’idée est de limiter au maximum l’impact environnemental et le coût pour les entreprises de fondation. Un concept qui a séduit de nombreuses entreprises de fondation, mais aussi le jury qui a attribué un coup de coeur à Adrien Hemet. « C’est toujours très valorisant d’être reconnu par la profession. J’avais concouru avec l’envie de gagner et de faire encore mieux connaître cette solution », conclut le lauréat.

 

LE PRIX DE L’INGÉNIERIE POUR LE PROJET TERCO 2


Le bureau d’études Egis s’est vu attribuer le « Prix de l’ingénierie » pour Terco 2 « empreinte carbone des stratégies de terrassement » : un projet de recherche appliquée qui s’inscrit dans la démarche globale d’Egis pour mettre en oeuvre l’écoconception dans ses projets.
Les terrassements constituent une part importante des émissions carbone des chantiers d’infrastructure. Mais lorsque l’on doit choisir une solution technique, c’est bien souvent le coût, le planning ou la faisabilité technique qui sont déterminants. « Pourtant, intégrer l’empreinte carbone dans les critères de décision est nouveau, mais nécessaire. Mais, pour cela, il faut être en mesure d’obtenir de manière fiable le bilan de gaz à effet de serre des différentes solutions », explique Jocelyn
Bouchut, ingénieur géotechnicien au sein d’Egis.
C’est justement pour répondre à ces enjeux qu’Egis a mené le projet Terco 2 avec les entreprises Valerian et Forézienne avec le cofinancement de la fondation Ferec. Le but était d’établir l’empreinte carbone de solutions de terrassement et de traitement des sols au stade de la conception, mais aussi de comparer l’empreinte carbone de ces solutions et de définir des « points de bascule ».

 

Il a fallu effectuer un important travail pour définir les facteurs d’émission pour les différentes activités qui composent un chantier de terrassement, et le retour d’expérience des entreprises partenaires a été essentiel. « L’analyse des données existantes a montré que l’on ne disposait pas des entrants nécessaires pour évaluer et comparer les différentes solutions de terrassements qui se présentent sur des chantiers, et ainsi mettre en évidence les stratégies les plus vertueuses. » Les résultats obtenus constituent ainsi une valeur ajoutée pour la réalisation de bilans de GES des projets de terrassement.
La deuxième partie du projet Terco 2 a permis d’établir l’empreinte carbone de scénarios classiques de chantiers de terrassement, d’en faire varier les principaux paramètres et de comparer les solutions techniques entre elles. Cela a permis de mettre en évidence les paramètres-clés qui entrent en compte dans l’empreinte carbone des chantiers de terrassement, ainsi que les points de bascule qui permettent de privilégier telle ou telle option technique, selon le contexte propre à chaque chantier.
Le Prix de l’ingénierie vient récompenser le travail accompli. « Il donne de la visibilité sur l’importance de ce sujet, tant en interne qu’en externe, et nous incite à poursuivre nos recherches sur d’autres projets. Nous travaillons à présent sur l’empreinte carbone d’autres ouvrages géotechniques. L’étape
suivante sera de mettre en pratique ces éléments dans les chantiers », indique Jocelyn Bouchut.

 

LE PRIX DU CHANTIER D’INVESTIGATIONS POUR LE GROUPE GÉOTEC


Géotec a reçu le « Prix du chantier d’investigations » pour un chantier de sondage avec transport d’échantillons amiantés.
Un défi relevé avec brio en toute sécurité. C’est dans le cadre d’une déviation routière que la DREAL
Occitanie a confié à Géotec des missions de travaux de sondage avec la contrainte amiante et du transport d’échantillon. Il fallait réaliser 9 sondages carottés de 25 à 35 m de profondeur dans un éperon rocheux naturel. La présence potentielle d’amiante dans le massif rocheux nécessitait des précautions particulières conformément à la législation en vigueur.
C’est la première fois que les équipes de Géotec devaient intervenir sur un chantier extérieur avec la contrainte amiante. Elles étaient donc encore peu expérimentées. Elles ont dû créer un protocole et le faire valider au client, mais aussi au contrôleur sécurité et à l’inspection du travail.
En plus de l’accès délicat, les équipes ont donc dû respecter les contraintes de prélèvements du client et maintenir le chantier géotechnique tout en veillant à la sécurité des collaborateurs, les exigences du client et la réglementation amiante. Il fallait par ailleurs veiller à la protection de l’environnement et de la population avec des poussières d’amiante.
Afin de conserver l’efficacité, malgré le travail en sous-section 4, plusieurs équipes sont intervenues en rotation sur le même atelier. Par ailleurs, Géotec a développé un système de filtration pour les eaux de forage. Celui-ci filtre les boues et les poussières d’amiante et seule une eau propre, sans amiante et
avec peu de matière en suspension, est rejetée.
Sur ce chantier, ce n’était pas la réduction des coûts qui était visée, mais bel et bien d’intégrer cette contrainte amiante sur un chantier géotechnique. D’ailleurs, cette dernière engendre des frais supplémentaires avec le matériel spécifique et une productivité des équipes moins importante.


LE PRIX JEUNES POUR LA MODÉLISATION AUX ÉLÉMENTS D’UN QUAI FLUVIAL


Le « Prix Jeunes » a été remis à Thi Phuong Lan Vu, élève en 2e année GCC, double diplôme à l’école des Ponts Paris Tech sous la tutelle de Jonathan Rot, ingénieur expert Géotec. Dans
le cadre de la rénovation d’un quai dans le port de Bayonne, la Région Nouvelle-Aquitaine Port de Bayonne a confié à Géotec des missions d’études géotechniques de projet G2 Phase PRO et de supervision géotechnique d’exécution (G4) ainsi que la participation à la phase assistance aux contrats de travaux.
« L’objectif général de ce travail de fin d’études a été de construire un modèle global 3D aux éléments finis des ouvrages sur la base des dimensionnements effectués en phase G2PRO afin d’identifier les paramètres forts gouvernant le comportement des ouvrages. »
Ce projet prévoit de remplacer un ancien quai, datant de 1964 et construit sur pieux. Le nouveau quai, en rive gauche de la rivière, aura une longueur d’environ 180 m. Il sera réalisé dans le prolongement d’un quai existant pour permettre la continuité technique. Il doit aussi prévoir l’installation d’une
voie ferrée et d’un portique conteneurs en liaison avec celle-ci. Il s’agit d’un projet complexe en géométrie avec une forte hauteur soutenue. Par ailleurs, les descentes de charges sont significatives
et les sols mous sujets à la consolidation. Des travaux de renforcement de sol par inclusions rigides sont donc à prévoir.
De plus, il fallait prendre en compte les existants dans le cadre des travaux, penser aux fortes variations des niveaux d’eau et inclure le risque sismique. Au-delà des spécificités techniques, il a fallu retranscrire le projet avec l’ensemble des éléments et des coupes dans un espace tridimensionnel pour représenter au mieux la réaction réelle du projet. « L’une des plus grandes difficultés a été de prendre en compte les variations spatiales de lithologie, la complexité des éléments de structures à la fois existants et projetés ainsi que les démarches de construction projetées comme la voie ferrée ou le portique. »
Ce travail de fin d’études a permis la construction d’un modèle global 3D aux éléments finis d’un ouvrage portuaire complexe.
« Les résultats obtenus par la modélisation ont mis en évidence l’importance des mécanismes d’interaction sol-structure que les approches courantes de dimensionnement ne permettent pas toujours d’évaluer. » Cette démarche d’ingénierie permettra d’améliorer la pratique des éléments finis pour les prochains ouvrages et ainsi optimiser leur dimensionnement et réduire, de fait, leur impact environnemental.


Maylis Roizard