Véritable passionné de géotechnique, mais aussi des relations humaines, Nicolas Nayrand évolue dans le milieu depuis près de vingt ans. En plus de ses activités
professionnelles, il s’est également engagé au sein du Comité français de mécanique des sols et de géotechnique (CFMS), et plus particulièrement dans la commission
scientifique et technique (CST) qu’il préside depuis un peu plus d’un an.
C’est au cours de ses études que Nicolas Nayrand découvre le monde de la géotechnique.
Après une formation de génie civiliste et une formation d’ingénieur géotechnicien, il intègre le service
bureau d’études de l’entreprise Franki Fondation, filiale du groupe Fayat.
Après 12 années au sein du groupe bordelais Fayat, il rejoint Bureau Veritas Construction en tant que spécialiste national des ouvrages géotechniques.
« Je représente la direction technique de l’entreprise et m’occupe de tout ce qui concerne les ouvrages géotechniques », précise-t-il.
Au fil des années, il a développé une véritable passion pour ce milieu qu’il partage avec beaucoup d’enthousiasme. « C’est un domaine avec beaucoup d’empirisme. On ne connaît jamais tout sur le sol ou sur le bâtiment ; et pourtant, il faut que les ouvrages géotechniques puissent assurer ce trait
d’union nécessaire entre les deux afin de garantir la sécurité et la solidité des structures. C’est sans fin ; on ne maîtrise jamais totalement toutes les composantes. Et c’est ce qui est captivant », analyse-t-il.
LA PRÉSIDENCE DE LA CST
Outre ses activités professionnelles, Nicolas Nayrand est également très impliqué au sein du Comité Français de mécanique des sols et de géotechnique (CFMS) qui rassemble des experts, des ingénieurs, des chercheurs et des professionnels du secteur. Un engagement incontournable pour ce passionné de géotechnique. « C’est la société savante de référence dans le domaine de la géotechnique. Elle a 75 ans cette année. »
Plus qu’un simple membre, Nicolas Nayrand s’est engagé au sein de la commission scientifique et technique. Après un premier mandat de 3 ans, il a été réélu pour trois années supplémentaires
en 2021. Depuis juin 2022, il est président de la CST aux côtés de Maxime Fonty, le vice-président.
« Nous formons un véritable binôme. Ensemble, nous veillons à la continuité du travail réalisé au sein de cette commission », insiste Nicolas Nayrand. Celle-ci est composée de quinze personnes élues pour 3 ans, dont le mandat est renouvelable une fois. « Cela permet d’avoir un renouvellement
des membres, de nouveaux points de vue et d’entretenir le dynamisme du comité. C’est certainement
perfectible, mais le rouage est bien huilé entre renouvellement et stabilité. »
LES MISSIONS DE LA CST
La CST pilote différents groupes de travail constitués autour de plusieurs thématiques afin de créer ou de mettre à jour les recommandations techniques sur différents types d’ouvrages géotechniques.
« Nous publions régulièrement des recommandations. Nous avons actuellement une dizaine de groupes de travail qui oeuvrent à la rédaction et à la publication de ces documents. La commission veille ensuite à la communication, à l’organisation de webinaires et de journées scientifiques et techniques pour diffuser ces recommandations à l’ensemble de la profession. C’est notre rôle au sein de la CST que de piloter ces groupes de travail. » En effet, l’un des rôles du CFMS est de promouvoir la recherche, le développement et la diffusion des connaissances géotechniques.
LA NAISSANCE DES RECOMMANDATIONS POUR LES VOILES PAR PASSES
Ainsi, Nicolas Nayrand a travaillé au sein du groupe de travail sur les voiles par passes, présidé par Pascal Aguado, à l’initiative de ce projet. « Nous venons de publier les premières recommandations
du CFMS sur cette solution technique. » Ces recommandations pour la conception, le dimensionnement, l’exécution et le contrôle des voiles par passes sont vouées à évoluer dans les années à venir, voire à devenir une norme. « Nous utilisons cette technique depuis 50 ans. Jusqu’alors il n’y avait aucun référentiel pour la profession afin qu’elles soient réalisées dans les règles de l’art. »
Pour que les recommandations soient bien représentatives de la profession dans son ensemble, le groupe de travail était donc constitué de personnes représentant tous les intervenants du bureau
d’études aux entreprises en passant par les contrôleurs, maîtres d’oeuvre et assureurs. Pour chaque groupe de travail, c’est jusqu’à une cinquantaine de personnes qui s’investissent sur des temporalités différentes. Cette large représentativité donne lieu à des débats que Nicolas Nayrand et Pascal Aguado ont modérés au sein du groupe de travail des voiles par passes dans le but de trouver le consensus. « C’est toujours enrichissant. Mais, il est essentiel de faire preuve de diplomatie. » C’est cette vaste représentativité qui permet de tirer la quintessence du travail collectif. Il est essentiel que tous les éléments de la chaîne soient représentés pour que chacun puisse se retrouver dans le travail
collectif. Après 4 années de travail, les recommandations sur les voiles par passes sont finalisées. Elles reprennent les différentes étapes des projets de soutènement par voiles par passes. La
première étant la conception. « Il était essentiel de bien définir le cadre dans lequel l’usage des voiles par passes correspond à une solution adaptée. C’est là que tout se joue. »
En effet, si la solution plaît, notamment pour son aspect compétitif, elle ne peut pas être utilisée en toutes circonstances. « Avant de retenir cette solution technique, il faudra en particulier s’assurer que la cohésion des sols est suffisante, que la bonne gestion des éventuelles venues d’eau en fond
de fouille est garantie, et que la vulnérabilité des avoisinants est adaptée aux déplacements attendus des voiles réalisés par passes alternées », précise Nicolas Nayrand. Les recommandations reprennent ensuite les études d’exécution, puis le mode opératoire et les dispositions constructives, avant d’aborder le suivi, le contrôle et la réception de ces ouvrages. Des recommandations qui se veulent les plus complètes possible pour répondre aux besoins de la profession dans son ensemble.
UN TRAVAIL D’ÉQUIPE
Cette mission au sein de la CST représente un investissement important pour Nicolas Nayrand, mais il minimise : « Cela prend du temps, mais je ne travaille jamais seul. Je suis sans cesse en lien avec Maxime Fonty, ou encore Pascal Aguado dans le cadre du groupe de travail sur les voiles par passes. Nous essayons de former l’attelage le plus robuste possible pour que cela aboutisse à quelque chose de solide. On ne peut pas travailler seul. Il est essentiel d’échanger, de confronter les idées pour
se nourrir. » Pour occuper ce poste de président de la commission scientifique et technique, il faut aimer l’échange et le collectif. « Il ne faut pas oublier que l’on n’a pas le pouvoir de contraindre,
mais celui de convaincre », conclut Nicolas Nayrand.
Maylis Roizard