Jean-Pierre Magnan est devenu l’un des spécialistes des travaux sur les sols compressibles. Il a consacré 47 ans de son existence aux problématiques de mécanique des sols tout en participant à une multitude de projets et d’expertises concernant des thèmes variés (risques naturels, ouvrages de soutènement, géotechnique pour l’environnement…) avec toujours à l’esprit de proposer des solutions directement transposables sur chantier.
Jean-Pierre Magnan est ingénieur diplômé de l’École polytechnique (1971) et de l’École nationale des ponts et chaussées (1973) et docteur ès sciences (1984). Il entre au Laboratoire central des ponts et chaussées (LCPC) en 1974, et en devient directeur technique en 1990. Dès le début de sa carrière,
il choisit de se focaliser sur l’expertise technique. Il débute comme ingénieur à la section de mécanique des sols du département des sols et fondations. Il est d’abord chargé de la construction
des routes dans les zones compressibles, à l’époque du développement du réseau autoroutier. Il participe ainsi à plusieurs projets dans ce domaine, en lien avec les laboratoires régionaux des ponts et chaussées. Le jeune ingénieur effectue notamment des voyages au Maroc afin de contribuer à la construction des autoroutes sur la problématique des remblais sur sols compressibles. Il sera ensuite sollicité dans d’autres domaines géotechniques (fondations, soutènements, risques naturels…) pour lesquels il effectuera des expertises en Afrique et en France. Par exemple, il oeuvrera à la gestion de la crise consécutive à l’effondrement d’une falaise à La Réunion, en 2006.
PROPOSER DES APPLICATIONS CONCRÈTES
En 2012, Jean-Pierre Magnan devient chef du département de géotechnique, environnement, risques naturels et sciences de la terre de l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement et des réseaux (IFSTTAR), issu de la fusion entre le LCPC et l’Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS).
Il rappelle que ces organismes publics et, par conséquent, son activité de recherche étaient exclusivement dédiés à des sujets qui avaient des applications concrètes sur des terrains bien réels. Il
s’est ainsi toujours intéressé aux travaux qui sont une phase essentielle de la construction. Dans ce cadre, il a participé au développement d’outils pour la conception de projets et le suivi de travaux.
Il affirme : « Ni le LCPC ni l’Ifsttarn’avaient pour vocation de faire de la recherche pure. » Il détaille l’implication de l’État dans les projets de recherche : « Celui-ci a d'abord financé de grands
centres de recherche publics et quelques universités, puis a institué des financements sélectifs par objectifs, répartis de façon variable. La possibilité de cofinancements européens est utilisée de façon secondaire pour le génie civil en France, mais plus intensément dans d'autres pays. D’autre part, la collaboration entre les centres de recherche et les entreprises est encouragée. »
QUATRE ACTIVITÉS PRINCIPALES
Durant son parcours professionnel, il partagera son temps entre 4 activités principales : la recherche, les études de projets, les normes de justification des ouvrages géotechniques et l’enseignement
en formation initiale et continue.
En 1994, il devient professeur de mécanique des sols et des roches à l’École nationale des ponts et chaussées et, 2 ans plus tard, professeur de mécanique des sols à l’École nationale des travaux publics de l’État (Lyon). D’autre part, avec son équipe du LCPC, il organise la normalisation française en géotechnique au moment où l’Europe se construit. Il contribue à la normalisation dans les différents domaines de la géotechnique (conception et calculs, essais, techniques de construction et exécution des travaux), toujours dans l’optique de résoudre les problèmes du secteur de la construction. Il sera notamment président de la Commission de coordination de la normalisation dans le domaine de la géotechnique pour le compte de l’Afnor et du Bureau de normalisation des transports, des toutes et
de leurs aménagements (BNTRA).
Parallèlement, il publie une trentaine d’ouvrages et de fascicules des techniques de l’ingénieur. Sa maîtrise de la langue russe, acquise à l’École polytechnique, lui permet de traduire différents ouvrages dans le domaine des sols mous et des sols loessiques affaissables.
Il a également dirigé 61 thèses et participé à près d’une centaine de jurys de thèses. Viennent s’ajouter de nombreuses collaborations au sein de manifestations internationales et autres congrès pour lesquels il est encore activement sollicité.
TOUJOURS EN ACTIVITÉ
Actuellement âgé de 71 ans, Jean- Pierre Magnan est officiellement retraité depuis 2014. Toutefois, il ne compte pas mettre un terme à sa carrière d’expert en géotechnique. Il est désormais conseiller scientifique dans le domaine de la géotechnique auprès de l’université Gustave-Eiffel (anciennement
Ifsttar). Il travaille également à mi-temps pour le groupe d’ingénierie et de conseil Systra qui est spécialisé dans le domaine des transports urbains et ferroviaires. Il est notamment sollicité sur des projets en lien avec le nouveau réseau de métro du Grand Paris, et pour des expertises commandées par la SNCF. Il espère également finaliser un manuel de mécanique des sols et des roches sur lequel
il travaille. Infatigable, on vous dit !
Claire Janis-Mazarguil