Denis Montagne, responsable des carrières de la ville de Laon, un brin provocateur, pose ainsi la problématique de la gestion du risque cavités : « suivant la définition fondamentale et aboutie du risque : Enjeux/Aléas = Risques, prioriser l’une de ses composantes ou modifier la place qu’il occupe dans cette équation change toute sa perception et, conjointement, toute la recherche de solutions ou d’actions à venir pour la “mitigation” du risque. »
La tendance est de privilégier le comblement des carrières parisiennes fragilisées par injection de coulis. Des exceptions demeurent : le chantier de l’été 2018 de l’ENS dans le 14e arrondissement de Paris mobilise ainsi des savoir-faire qui se perdent pour conforter la carrière par la méthode des piliers maçonnés.
La carrière souterraine du chemin de Port-Mahon, située dans Paris, a dû subir des traitements confortatifs suite à une étude géotechnique réalisée il y a quelques années qui a dévoilé des parties très endommagées. Explications.
Les chantiers pour diminuer le risque lié à l’existence de vides sous les plateformes SNCF, les voies ferrées ou les gares par des opérations d’injection s’apparentent à des courses contre la montre, appareillées comme pour un rallye automobile. Management, machines, modalités d’intervention, tout est adapté aux multiples contraintes spécifiques au ferroviaire.
Une mutualisation originale a vu le jour en 2018 sur le territoire de la Métropole européenne de Lille, la MEL, pour prévenir et gérer les risques que représentent les cavités souterraines de
craie, dont les réseaux de catiches.
L’Ifsttar et le Cerema font des expérimentations prometteuses
sur leurs champs d’application respectifs pour détecter les
cavités.
L’agence Fondasol de Lille accompagne Lille Métropole Habitat dans son projet de construction d’un foyer de vie et de logements individuels (de niveau R à R + 3 sans soussol),
au droit d’un hangar désaffecté et voué à démolition sur la commune d’Hellemmes-Lille.
Patrimoine de l’histoire de la construction de la ville, les carrières de craie d’Amiens sont pour la plupart stabilisées mais surveillées, car le risque n’est pas écarté, comme le rappellent les effondrements qui surviennent parfois.
L’exposition aux risques cavités touche de nombreux départements avec une intensité variable. Les risques majeurs portent sur les accélérations imprévisibles de dégradations qui peuvent survenir brutalement ou sur des cavités dangereuses non identifiées.
Un rapide survol des chroniques de faits divers témoigne de la réalité du risque lié aux cavités. Toutes les régions de l’Hexagone sont potentiellement touchées.
La prise en compte du risque cavités souterraines n’est pas uniforme sur l’ensemble de la France métropolitaine,
même si le risque est identifié sur tout le territoire.
Quelles sont les missions du BRGM sur le risque cavités ?
Séverine Bernardie répond à nos questions.
Les mesures prises par l’IGC de Paris depuis presque deux siècles et demi pour sécuriser le sous-sol semblent être de solides remparts contre le risque cavités. Pour Jean-Michel Fournier, adjoint au chef de l’Inspection générale des carrières et responsable de la division études et travaux qui répond à nos questions, la vigilance demeure.
L’évolution aléatoire du gypse qui se dissout sous l’effet de l’eau dans les profondeurs du sol peut gravement menacer la stabilité des édifices en surface. Comment prévenir, détecter et traiter cette dissolution ?
Le territoire français est exposé aux risques de mouvements de terrain dont certains sont liés à la dissolution du gypse. Les phénomènes de dissolution se développant dans le sous-sol entraînent une altération des propriétés du massif rocheux. Ces altérations peuvent conduire, à terme, à la formation de cavités et in fine à l’apparition d’effondrements en surface, phénomènes difficilement prévisibles et potentiellement dangereux pour les personnes et les
biens. Afin d’aider les acteurs de la gestion des risques naturels confrontés à la présence de gypse sur leur territoire, l’Ineris a établi un guide* qui fournit les clés de la compréhension des mécanismes hydrauliques, chimiques et mécaniques mis en cause et qui propose des outils
méthodologiques adaptés à la gestion de cette problématique.
Dans une recherche permanente de l’efficience des investigations relatives à la localisation et le dimensionnement des cavités souterraines, l’optimum technico-économique ne
nécessite-t-il pas des approches croisées afin de cerner plus finement la problématique et pouvoir ainsi lui confronter les moyens les plus adaptés ? Retour sur expérience.
On estime qu’il existe en France métropolitaine quelque 500 000 cavités souterraines. 180 000 d’entre elles sont identifiées. Qu’elles soient d’origine naturelle ou créées par l’homme, elles
peuvent être la cause de désordres en surface, tels des effondrements de routes, d’ouvrages d’art ou de bâtiments, voire de drames humains.