Les métiers de la géotechnique et ceux de la gestion des sites et sols pollués semblent diverger dans leurs objectifs
respectifs : l’un étudie les propriétés mécaniques des sols, l’autre, l’impact des activités humaines sur ce milieu, en
particulier la pollution chimique. Toutefois, en considérant les deux activités comme une recherche de la connaissance
sur les milieux sols, sous-sol et eaux souterraines pour mieux en maîtriser les enjeux dans le cadre d’un projet, les deux
disciplines convergent sur de nombreux points.
Fort de son expérience en tant que bureau d’études spécialiste en ingénierie géotechnique depuis 50 ans et environnementale depuis 30, Géotec dispose des arguments pour démontrer les points communs entre le métier de géotechnicien et celui de dépollueur de sites, même si à première vue les
méthodologies et moyens à mettre en oeuvre semblent différer :
UNE SYNERGIE DES ÉTUDES
Les méthodologies se rejoignent sur la nécessité d’identifier, de caractériser et de comprendre le milieu sol et les eaux souterraines pour apporter une réponse globale adaptée aux opérations d’aménagement. Lors des phases de conception d’un projet, il n’est pas rare d’y intégrer ces deux domaines d’expertise ; c’est d’ailleurs une demande de plus en plus fréquente des donneurs d’ordre.
Outre la nécessité de concevoir une structure répondant à un usage, aux besoins réglementaires permettant de conserver la cohérence avec l'aménagement urbain environnant, la (re) connaissance de ces milieux est primordiale avant tout démarrage de projet afin d’identifier les problématiques
induites par la nature et la qualité des sols et des eaux souterraines. Il ressort ainsi des objectifs qui se complètent au regard du projet :
Prenons l’exemple d’un projet de construction d’un bâtiment tertiaire au droit d’une ancienne gravière comblée de remblais d’origine inconnue. Ces remblais sont relativement épais, jusqu’à 5 m de profondeur. Ils contiennent des débris anthropiques (verre, ferraille, cuir…), ainsi que des polluants (hydrocarbures lourds, métaux et volatils). Ils génèrent en l’état plusieurs problématiques environnementales :
Dans cet exemple, les reconnaissances géotechniques réalisées mettent en évidence un aléa géotechnique majeur du fait de ce fort recouvrement anthropique.
Ces remblais présentent des caractéristiques mécaniques hétérogènes et une consistance variable qui
ne permettent pas d’autoriser un mode de fondation superficiel pour le bâtiment.
Dans ces conditions et au regard des spécificités du projet (bâtiment d’emprise modeste et développant des charges faibles), on peut cependant s’orienter sur l’une des solutions de fondation
alternatives suivantes pour éviter le recours à un mode de fondation spécial (pieux ou micropieux) :
Dans un exemple comme celui-ci, l’échange entre les ingénieurs « géotechniciens », « sites et sols pollués » et le maître d’ouvrage/maître d’oeuvre a permis de retenir la solution 2. Cette solution présente les multiples avantages suivants :
L’approche coûts/avantages prend ici tout son sens.
Autre point commun entre les prestations sites et sols potentiellement pollués et les études géotechniques : la référence normative. En effet, les missions géotechniques sont codifiées à
travers la norme NFP 94-500 et les missions en SSP répondent, outre la méthodologie nationale en matière de SSP, à la norme NFX 31-620. La démarche commune de ces normes peut être synthétisée
comme suit.
LE MODÈLE CONCEPTUEL, LA BASE
Il est crucial pour chaque métier, d’établir en premier lieu un modèle conceptuel géologique, hydrogéologique et « chimique » ou « physique » spécifique de l’état du site et des milieux pour
apporter une réponse adéquate dans la gestion du projet.
Le recueil des informations et des données fiables spécifiques à la zone d’étude répondant à un protocole scientifique clair, exhaustif, et basé sur des méthodes objectives pour maximiser la validité des résultats obtenus, est donc essentiel.
Là encore des similitudes existent puisque la caractérisation des sols et des eaux souterraines s’effectue le plus souvent au moyen de sondages intrusifs pour le prélèvement d’échantillons, la
réalisation de mesures in situ et/ou la pose d’équipements spécifiques (piézomètre, piézair…).
Les sondeuses utilisées sont souvent identiques et font souvent appel à deux techniques :
C’est à l’issue de ces campagnes d’investigations que l’on peut établir le schéma conceptuel qui présente un état de connaissance des milieux à un instant donné. Il évolue de façon itérative au fur
et à mesure de l’avancement des études.
DES BESOINS ANALYTIQUES
En général, les observations de terrain ne suffisent pas à fournir une compréhension
complète de la qualité des milieux. Elles sont souvent complétées par des analyses en laboratoire qui
suivent des procédures normées pour permettre l’inter-comparaison des résultats et limiter ainsi les erreurs dans leur interprétation. À ce titre, la norme NFX 31-620 pour l’étude des sites et sols
potentiellement pollués référence les normes analytiques à utiliser spécifiquement pour les diagnostics de pollution.
Bien que les laboratoires et les paramètres recherchés soient différents, les analyses en pollution sont plutôt orientées sur la chimie du sol tandis que les analyses de sol en géotechnique s’orientent davantage sur la détermination de la densité, la teneur en eau, la classification des sols et les
caractéristiques mécaniques des sols et roches (cohésion, angle de flottement, modules…). Certains paramètres peuvent être complémentaires dans les études et sont intégrés sous un angle différent. On peut citer à titre d’exemple les sulfates dans les sols, plus spécifiquement dans les lixiviats qui peuvent
être problématiques vis-à-vis des bétons à mettre en oeuvre du fait de leur dégradation par exposition aux sulfates (norme NF EN 206/CN) ou dans le cadre de la gestion des terres en installation
de stockage en cas d’excavation au titre de la réglementation déchet (arrêté du 12/12/2014).
LA GESTION DU RISQUE OPÉRATIONNEL
Qui dit similitudes dans les moyens d’investigation dit aussi similitudes dans la préparation de chantier pour une meilleure gestion des risques et des contraintes, afin de garantir une intervention
en sécurité pour les opérateurs/ techniciens.
Les outils de prévention sont indispensables pour garantir une intervention de sondage de sol réussie. Il est donc important de planifier soigneusement l'opération, en identifiant les zones potentiellement dangereuses et en élaborant un plan de prévention pour minimiser les risques.
À ce titre, il est nécessaire de réaliser une recherche des réseaux enterrés avant toute intervention conformément à la réglementation, ce qui implique que le personnel soit formé AIPR (autorisation
d’intervention à proximité des réseaux).
Cette formation relève un caractère obligatoire depuis le 1er janvier 2018 ; en outre, le personnel concerné doit obligatoirement justifier des compétences nécessaires pour exercer sa fonction.
L'utilisation de matériel de sondage adapté est également primordiale. Il est important d'utiliser des outils spécifiques et bien entretenus pour minimiser les risques d'accident. Les travailleurs
doivent être formés à l'utilisation de ces outils et être conscients des risques potentiels liés à leur utilisation.
À titre d’exemple, des travaux de reconnaissance sur voiries ou sites construits nécessitent quasi systématiquement la réalisation d’une sécurisation des sondages au moyen d’un marquage-piquetage
voire une détection réseaux selon les plans existants. L’analyse de risques préalable au chantier permet de définir :
UNE RECHERCHE D’INFORMATION À RISQUE
Pour terminer cette analyse, la déontologie et l'objectivité sont des éléments-clés pour garantir la qualité et la crédibilité des études.
En premier lieu, la déontologie. Elle implique que la personne en charge de l'étude respecte les normes éthiques et professionnelles en vigueur aussi bien dans le domaine de la géotechnique
que dans le cadre des études environnementales. Cela inclut la confidentialité des données, la transparence dans les informations fournies, ainsi que le respect des lois et réglementations en
vigueur.
En second lieu, l'objectivité est essentielle pour garantir la fiabilité des conclusions de l'étude. Il est important que la personne en charge de l'étude soit impartiale et ne soit influencée par aucun intérêt personnel ou commercial. La personne en charge de l'étude doit être qualifiée et expérimentée
dans son domaine respectif (géotechnique/SSP) pour garantir la véracité des informations fournies. Il est important que cette personne dispose des compétences techniques nécessaires pour réaliser une analyse pertinente.
CONCLUSION
S’il ressort que les études géotechniques et celles pour la recherche de pollution ont des objectifs qui leur sont propres et nécessitent des connaissances spécifiques, elles se révèlent complémentaires
dans la caractérisation de l’état du milieu, l’analyse des données, l’évaluation des risques ainsi que dans la définition de solutions constructives. En effet, prises indépendamment, les solutions
apportées peuvent se révéler incompatibles, même si toutes deux s'efforcent de garantir la sécurité et la qualité du sol et de l'environnement.
Cela démontre que ces domaines sont étroitement liés et qu'une collaboration efficace des ingénieries est nécessaire afin de garantir au maître d’ouvrage une solution qui intègre l’ensemble des caractéristiques des sols et la gestion à mettre en oeuvre lors des travaux, quelle que soit la complexité du projet.
Régis Frangeul, chef de projet service environnement Géotec
Annabelle Weller, responsable service environnement Géotec
GÉOTECHNIQUE FORAGE FONDATIONS FORAGE D'EAU ESSAIS
M² EXPOSITION INTÉRIEURE
6000
EXPOSANTS
190
M² EXPOSITION EXTÉRIEURE
1 500
PARTICIPANTS
3000