GLTP Fondations SAS exécute en deux semaines 485 pieux battus en fonte ductile pour la première tranche du Clos de l’Angeli à Velleron, dans les monts du Vaucluse. Les pieux
préfabriqués, issus à 100 % de matériaux recyclés, constituent les fondations d’un vaste projet de conception bioclimatique. Les travaux ont débuté en novembre dernier sur un terrain de trois hectares. L’inauguration de la villa témoin est prévue au printemps.
La réalisation du Clos de l’Angeli relève d’une démarche environnementale affirmée. Fidèles à l’esprit du village, les bâtiments collectifs alternent avec les maisons individuelles. Ils sont conçus à l’échelle humaine. Les espaces extérieurs, coeurs d’îlots végétalisés, jardins et chemins piétons invitent à la convivialité et à la promenade.
« Nous avons conçu le Clos de l’Angeli comme une extension du centre du village. Le hameau a été imaginé comme un prolongement harmonieux entre passé et présent. Il compte 49 appartements, 3 villas individuelles et 2 bâtiments avec commerces, dont l’expression architecturale concilie des lignes sobres et un design contemporain avec l’utilisation de matériaux traditionnels », expliquent Jacques Patingre et Mickael le Panse Jolly, architectes DPLG.
LE CLOS DE L’ANGELI : VELLERON UTILISE SES VALEURS PATRIMONIALES POUR CONSTRUIRE SON FUTUR
Le groupe Villas la Provençale s’attache à produire des maisons concepts esthétiques et performantes. D’autre part, il accompagne une nouvelle appro-
che : l’émergence d’éco-quartiers. S’inscrivant dans une démarche de performance thermique, elle multiplie depuis plusieurs années des expériences afin de concevoir et proposer des maisons innovantes à la portée de tous. « La campagne de Velleron est reconnue pour ses belles exploitations horticoles, maraîchères et fruitières. La valorisation foncière de cette parcelle agricole marécageuse en jachère et l’adaptation au sol dans le respect de l’environnement constituent les
réels défis du projet. Le Clos de l’Angeli conjugue une véritable démarche urbanistique et une
maîtrise des coûts et des délais nécessaire », souligne François Giorgio, directeur travaux Villas la Provençale.
ANCIENNE PARCELLE AGRICOLE MARÉCAGEUSE : DÉPÔTS PALUSTRES ET INTERCALATIONS TOURBEUSES
Les terrains sont constitués par des alluvions quaternaires et des dépôts palustres plus ou moins développés, reposant sur des marnes sableuses versicolores d’âge oligocène.
De nombreux sondages environnants ont révélé la présence d’intercalations tourbeuses
(jusqu’à près de 9 m d’épaisseur) au sein des remplissages palustres. « En raison des faibles à très faiblescaractéristiques mécaniques des terrains de recouvrement, et ce sur des épaisseurs importantes, toute solution de fondations superficielles ou semi-profondes entraînera inévitablement
l’apparition de tassements absolus et différentiels importants. Aussi, les charges des
ouvrages doivent être reportées au sein des formations compactessous-jacentes, à l’aide de fondations profondes », commente Luc Tanniou, directeur Egsol Sud.
La campagne de reconnaissance des sols déployée par Egsol Sud a révélé en surface des limons argileux remaniés en tête. Ils reposent sur des sables limono-argileux saturés et des argiles sableuses brunes à noirâtres observés jusqu’à 2,8 à 6,4 m de profondeur. En deçà, les terrains sont constitués par des marnes argilo-sableuses rencontrées jusqu’à 3,2 à 9,6 m de profondeur, puis des marnes et marnes calcaires reconnues jusqu’à 12 m, base du sondage pressiométrique. Les compacités
sont faibles à très faibles au sein des terrains de recouvrement (Rda et Qc < 0,4 MPa, pl < 0,11 MPa),
puis elles augmentent rapidement jusqu’au refus dans le substratum
marno-calcaire (Rda et Qc > 100 MPa, pl > 4,52 MPa, Em > 154,8 MPa).
« Le mode de fondations des ouvrages doit tenir compte de la nécessité de mobiliser un horizon
portant, des compacités très hétérogènes tant en plan qu’en profondeur, de la présence d’eau
à faible profondeur (entre 0,9 et 2,1 m de profondeur par rapport au terrain naturel), de la présence
de niveaux tourbeux, ainsi que de charges de service élevées jusqu’à 85 t. Dans ce contexte, la solution de pieux préfabriqués battus en fonte ductile s’est avérée la plus économique et la plus sûre », note Thierry Guignon, directeur GLTP Fondations.
PIEUX PRÉFABRIQUÉS BATTUS EN FONTE DUCTILE : LONGUEUR VARIABLE, ARMATURE TOUTE HAUTEUR
Au total 17 villas, 4 bâtiments locatifs et 2 bâtiments commerciaux sont concernés par la première
tranche ferme. Elle a nécessité lanréalisation de 485 pieux pour un linéaire total d’environ 3 000 m. Les pieux de type BAF 118/07,5 mm et BAF 170/07,5-09,0 mm sont battus au refus et ancrés dans le substratum marno-calcaire dont le toit a été rencontré en phase d’exécution entre 2,3 et 8,5 m de profondeur. « Grâce au système d’accouplement conique Plug&Drive©, il est possible de travailler avec une longueur de tube standard de 5 m facile à manutentionner et à mettre en oeuvre. Les tubes
s’emboîtent les uns dans les autres pour former des longueurs de pieux variables. À chaque moment le pieu peut être prolongé ou arasé, s’adaptant ainsi naturellement aux variations du toit rocheux. La chute après arasage est munie d’un nouveau sabot et sert de premier élément au prochain pieu »,
explique Jérôme Coulon, gérant de Sarl Coulon Pieux Battus.
« Le battage des pieux avec refoulement et sans introduction de béton dans le sol participe logiquement au projet d’écoquartier.
Cette technique, dite “par voie sèche”, élimine les déblais de forage et l’impact potentiel des fondations
profondes sur l’hydrologie souterraine locale. La fonte ductile est en outre un matériau 100 % recyclé
contribuant à la revalorisation des déchets d’alliage ferreux et à la préservation des ressources
mondiales naturelles. À la fin de sa durée d’utilisation, elle est à son tour intégralement recyclable »,
poursuit Jérôme Coulon.
L’énergie nécessaire au battage est fournie par un marteau hydraulique BRH Atlas Copco MB1700 (3 500 joules) monté sur une pelle New Holland E305. La capacité
portante des pieux est vérifiée lors de l’exécution par contrôle du critère d’arrêt de battage (enfoncement résiduel pour un temps de
battage prédéfini).
« Les pieux sont tous descendus au rocher avec la certitude d’intégrité et de continuité garantie par une armature de forte inertie toute hauteur. Les charges sont transmises de la tête à la base du pieu par les tubes en fonte ductile servant à la fois de tube de battage et d’armature métallique. La technique permet d’écarter sûrement tout risque de striction, particulièrement élevé en présence de
matière organique en décomposition au sein des niveaux argilo- sableux », commente François
Giorgio, directeur travaux Villas la Provençale.
PRINCIPAUX INTERVENANTS :
Promoteur : Provence Concepts Projets Sarl, Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône)
Entreprise de construction : Villas la Provençale, Salon-de- Provence (Bouches-du-Rhône),
François Giorgio Architectes DPLG : Jacques Patingre et Mickael Le Panse Jolly
BET structure : PYC Ingénierie Sarl, Salon-de-Provence (Bouches-du- Rhône), Béatrice Désesquelle
BET géotechnique : Egsol Sud Sarl, Gémenos (Bouches-du-Rhône), Luc Tanniou
Bureau de contrôle : Apave Sud Europe, Avignon (Vaucluse), Rached Salmi
Entreprise de travaux spéciaux :
GLTP Fondations SAS, Varages (Var), Thierry Guignon
CONCEPTION PARASISMIQUE : DES TERRAINS EXTRÊMEMENT COMPRESSIBLES EN ZONE DE SISMICITÉ 3
La totalité de la commune de Velleron est concernée par le risque sismique. Le 9 février 1998, un séisme de faible intensité a eu lieu (épicentre situé à Morières-lès Avignon). Le 10 octobre 2002, un séisme de magnitude 2,63 avait eu lieu au nord-est d’Entraigues-sur-la-Sorgue, et, dernièrement, en 2006, un séisme de magnitude 2,6 s’est produit à Sorgues.
« Au regard de la norme NF EN 1998 (Eurocode 8), les paramètres sismiques retenus sont : zone de sismicité modérée 3, catégorie d’importance II et sol de type E. Pour chaque bâtiment ou villa, le contreventement est assuré par les murs réalisés en maçonnerie chaînée. Tous les pieux sont reliés entre eux par un système de longrines bidirectionnel, augmenté si nécessaire localement par
des butons », signale Béatrice
Désequelle, gérante PYC Ingénierie.
Les longrines préfabriquées en béton précontraint sont positionnées en périphérie et en refend de bâtiments Elles mesurent jusqu’à 6 m et s’appuient sur les massifs de têtes de pieux. Elles sont support des murs maçonnés jusqu’au plancher hourdis du vide sanitaire (PHVS). La zone de clavetage relie les têtes de pieux, les aciers en attente des longrines et le chaînage horizontal du PHVS. Ainsi liaisonnés, les pieux et le PHVS forment un socle monolithique indéformable qui permet d’assurer la stabilité de la structure en cas de séisme.
« La vérification du comportement transversal des pieux a pour objectif d’éviter la plastification des terrains en place (calcul de la réaction frontale à l’aide du module Piecoef + du logiciel Foxta v3). Il convient ensuite de vérifier que les efforts normaux, efforts tranchants et moments fléchissants ELU sont admissibles structurellement pour les tubes en fonte ductile au sens de l’Eurocode 3. La vérification de la portance des pieux est, quant à elle, basée sur la méthode de calcul à partir d’essais de pieux », indique Charles Bernuy, ingénieur Terrasol Rhône-Alpes.
ESSAIS DE CHARGEMENT STATIQUE EN COMPRESSION : SOLIDE RETOUR D’EXPÉRIENCE SUR PIEUX BAF
« Les travaux de battage ont duré 10 jours, avec un rendement moyen d’environ 50 pieux, soit
300 ml journaliers. La cadence est donnée par l’entreprise de terrassement qui aménage les préfouilles à l’avancement. Les pieux sont battus et arasés directement à
l’intérieur des excavations, lesquelles sont immédiatement à la suite ferraillées et bétonnées pleine fouille pour servir de massifs de tête de pieux », souligne Thierry Guignon,
directeur GLTP Fondations.
Deux essais de chargement statique en compression selon
Eurocode 7 et NF P 94-150-2 clôturent les travaux de battage de la tranche ferme. Les essais ont été menés avec succès à pratiquement 2,4 fois leur charge de service, soit environ 120 t pour le pieu BAF type 118 et 200 t pour le pieu BAF type 170. Chaque massif de réaction a nécessité la réalisation de 4 micropieux forés Ø 200 mm de longueur 12 m.
« L’essai sur pieu BAF type 118 atteint la rupture à son niveau théorique de limite élastique (palier 1,150 kN, tassement 9 mm). Aucune charge critique de fluage n’a été observée pour l’essai sur pieu BAF type 170. La rupture n’a pas été atteinte, l’essai est limité par la capacité maximale de
200 t du vérin hydraulique double effet (dernier palier 1,960 kN,
tassement 8,3 mm) », explique Pascal De Méo, gérant CEM Instrumentations.
Les résultats des deux essais corroborent les retours d’expérience positifs déjà disponibles dans d’autres régions de France sur des pieux de même type BAF exécutés dans un contexte géologique similaire. Ils montrent que la capacité portante des pieux battus au refus dans un substratum rocheux est largement sous-estimée par le dimensionnement classique selon la procédure du pieu modèle ou du modèle de terrain décrit dans la norme NF P 94-262.
Aude Moutarlier, en collaboration avec Jérôme Coulon
Gérant Sarl Coulon Pieux Battus
GÉOTECHNIQUE FORAGE FONDATIONS FORAGE D'EAU ESSAIS
M² EXPOSITION INTÉRIEURE
6000
EXPOSANTS
190
M² EXPOSITION EXTÉRIEURE
1 500
PARTICIPANTS
3000