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LE PRÉ-RECÉPAGE DE PIEUX MARITIMES AVEC CHEMISES PERDUES - <p>Positionnement des éclateurs sur les platines autour du carré 400 x 400 mm.</p>
04/07/2023

LE PRÉ-RECÉPAGE DE PIEUX MARITIMES AVEC CHEMISES PERDUES


Transport des cages depuis l’aire de préfabrication jusqu’au chantier.
Positionnement de la cage en attente du bétonnage.

L’entreprise grecque Archirodon, spécialisée dans les travaux portuaires a demandé à sa filiale saoudienne de profiter
de son chantier d’agrandissement du port de Djeddah en Arabie saoudite pour réaliser le prototypage du pré-recépage
Recépieux sur des pieux de diamètre 1 200 mm. Une grande partie se trouve être des pieux de type marin, c’est-à-dire
qu’ils sont immergés dans la mer, non accessibles par la terre, même s’ils sont à quelques mètres des quais, avec une
chemise métallique perdue.

Ce prototypage de l’industriel a pour but de généraliser le pré-recépage sur l’ensemble des chantiers maritimes à venir, parmi lesquels il y a le projet pharaonique Neom, dont la mégalopole futuriste « The Line », situé dans le nord-ouest de l’Arabie saoudite, mais aussi des chantiers au Qatar, en Grèce,
et bien d’autres lieux…
Les contraintes écologiques et ergonomiques qui s’imposent progressivement à tous nécessitent une remise en cause des organisations du siècle passé et une refonte totale des usages de la profession
ainsi qu’une révolution, dès la conception du projet, dans le domaine de la coordination de chaque corps d’état.
Il n’est plus envisageable de résoudre le problème du recépage de ce type de pieux par débordement, comme c’était l’usage jusqu’à présent, et, puisque ça ne se voit pas, de déverser ni vu ni connu dans la mer des centaines de milliers de mètres cubes de béton qui viennent polluer les fonds marins.
Le fait de prédécouper la tête des pieux, sans chocs, ni vibrations, à une altimétrie précise au centimètre près, puis de lever les blocs ainsi pré-recépés, permet de résoudre cette problématique tout
en supprimant la quasi-totalité des pollutions liées à ces opérations. De plus, ces blocs ainsi récupérés peuvent être aisément recyclés en matériaux pour la construction de plateformes de travail, de fondations routières, voire de servir de corps-morts immergés pour y accrocher des bouées d’amarrage dans des ports de plaisance.
Ces pieux, équipés de kits de prérecépage Recépieux, ont pour finalité de servir de modélisation du savoir-faire, dans le but d’en analyser les conditions de mise en oeuvre, d’optimiser l’organisation
du chantier et de repenser le travail plus ergonomique des équipes en charge de ce poste.
Il est en effet stratégiquement important de vérifier l’implication de plusieurs corps d’état, dont :

  • l’atelier de préfabrication des cages d’armatures,
  • les ateliers de forage,
  • les travaux annexes de démolition d’infrastructures préexistantes,
  • les travaux de génie civil.

Le tout au milieu du trafic incessant des géants des mers, accompagnés de leurs  remorqueurs et autres bateaux-pilotes, sans oublier la circulation intense de centaines de camions porte-conteneurs.
L’activité propre au chantier est concentrée sur une surface limitée dans un port en forte activité, cernée par ces gigantesques porte-conteneurs, se relayant pour accoster de part et d’autre de la
zone du chantier, afin de décharger et recharger leurs centaines de boîtes le plus rapidement possible.
Difficulté supplémentaire : le chantier se déroule 24 h/24 et 7 j/7, ce qui implique la formation de plusieurs équipes multitâches qui doivent se coordonner.
Il est donc important de changer de paradigme, et d’abandonner le raisonnement type saucissonnage du chacun-pour-soi habituel, qui ne s’intéresse pas aux contraintes que vont subir les équipes suivantes, pour en substituer le raisonnement systémique et y intégrer tous les intervenants en amont et en aval.
Il s’agit là de penser aux interfaces entre chaque métier très en amont pour supprimer tous les aléas de chaque corps d’état, pour ne plus subir et ne plus transférer la patate chaude à l’équipe
suivante.
La zone concernée par ce prototypage consiste à forer :

  • 114 pieux de Ø 1 200 mm en chemise récupérée, sur une trentaine de mètres de profondeur, armés de cages équipées de HA 32 et pour certains de doubles HA40 ;
  • 127 pieux de type marin, de Ø 1 200 mm avec chemisage perdu, immergés à une dizaine de mètres des quais, forés sur une profondeur allant jusqu’à 43 m dans un sol très dur, nécessitant 16 h de forage par pieu. Ces pieux sont équipés avec des attentes HA 32.
    Le challenge était de réussir à recéper, sur une hauteur de 1,50 m, ces pieux immergés à l’intérieur de la chemise perdue, et non accessibles depuis la terre.
  • Pour ce faire, outre le positionnement de gaines de protection sur chacune des attentes, il est nécessaire de fixer autour de la cage, une double peau de désolidarisation du béton de la tête
    de pieu d’avec sa chemise perdue, pour permettre au bloc de béton, une fois pré-recépé, de glisser dans la chemise lors du levage.

La préparation de la cage à l’aide du kit de pré-recépage Recépieux consiste en :
1. création d’un carré central de 400 x 400 mm à l’aide d’aciers de type HA32, soudés sur la dernière cerce. Ce carré est destiné à guider et maintenir le tube plongeur de bétonnage au centre de la cage, sans interférer sur le positionnement des 6 éclateurs de l’industriel ;
2. souder les platines, fournis dans les Kits (fers plats munis de trous pour fixer les éclateurs Recépieux) autour du carré central en direction de la dernière cerce ;
3. positionner les éclateurs préalablement connectés aux tubes PVC sur chacune des platines, tangentiellement au carré central ;
4. positionner et fixer les gaines en mousse de protection des attentes ;
5. positionner la double peau de désolidarisation, béton/chemise perdue, autour de la cage sur la hauteur prévue du recépage. Cette double peau est constituée de plaques de PP alvéolées rigides,
pré-fendues tous les 20 cm pour pouvoir ceinturer la cage. Ces plaques sont fermement fixées les unes aux autres à l’aide de rivets POP, puis solidement accrochées sur la dernière cerce à l’aide de fil de fer.
L’ensemble de ces opérations se déroule sur l’aire de préfabrication des cages, pour ne pas perturber, ni être dérangé, par les multiples activités du chantier, et nécessite un temps d’environ 1 h pour 2 personnes. Ces cages doivent impérativement être levées à l’aide d’un palonnier. En effet, l’utilisation de sangles ou d’élingues venant frictionner le sommet de la cage au moment de son positionnement
vertical, va immanquablement arracher tout ou partie du kit Recépieux.
Lors de la descente de la cage dans la chemise de forage, on doit immobiliser celle-ci au niveau de la dernière cerce. Les éclateurs ne seront immergés dans l’eau salée, qu’au dernier moment lors du bétonnage. En effet, la connexion 2 éclateurs/tubes PVC n’est pas suffisamment étanche pour pouvoir supporter une immersion supérieure à 30 min ; et le fonctionnement de l’agent expansif est totalement annihilé au contact du sel.
La phase suivante consiste à préparer l’agent expansif et à l’introduire dans les tubes PVC, 72 h après le bétonnage. L’agent expansif est fortement sensible à la chaleur. Il est donc impératif d’être
parfaitement organisé pour réaliser l’ensemble de l’opération de mélange et de mise en oeuvre en moins de 10 min avec de l’eau froide < 10 °C.
Pour ce faire, lorsque l’on a des températures de type caniculaires, comme c’est le cas en été dans ces pays, on aura mis, la veille, au réfrigérateur, les bouteilles d’eau et transféré celles-ci sur site dans une glacière. Les sacs d’agent expansif ayant été stockés la veille dans un local climatisé. Pour réaliser cette opération le plus rapidement possible, il faut effectuer le mélange au pied des pieux à traiter à l’aide d’une perceuse autonome (avec batterie). L’ensemble du petit outillage et de dosage est
fourni avec les kits. La difficulté supplémentaire consiste à réaliser cette opération sur une nacelle
suspendue à une grue, du fait du positionnement de la tête de pieu isolée en mer.
La montée en pression des éclateurs pouvant aller jusqu’à 110 bar par éclateur se fait progressivement et de façon plus ou moins rapide selon la température du béton. La rupture et la création de la fissure apparaissent dans les 24 h qui suivent cette opération, sachant que la courbe de la mise en pression est parallèle à celle de la prise de béton, mais s’échelonnant de 30 min à 7 Jours,
avec une pression optimum à partir de 24 h.
Une fois la rupture constatée, il ne restera plus qu’à lever les blocs, ainsi pré-recépés, à l’aide des crochets de levage que l’on n’aura pas oublié de noyer dans le béton frais, au plus tôt le lendemain. La découpe se fait, sans choc ni vibration, en silence et sans pollution.

 

Dominique Fonfrede
Gérant de la société Recépieux


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