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Interviews

OLIVIER BARNOUD, PRÉSIDENT DU GROUPE GÉOTEC DES RACINES ET DES AILES
01/11/2018

OLIVIER BARNOUD, PRÉSIDENT DU GROUPE GÉOTEC DES RACINES ET DES AILES


Olivier Barnoud (à gauche) et son père François Barnoud.
Recherche de phosphate.
Sondeur en action.

De son père, François, créateur de la société Geotec en 1973, Olivier Barnoud a hérité la passion des sciences de la terre. Après un apprentissage du bureau d’études chez Bachy, puis du terrain au sein de Soletanche Bachy, l’ingénieur spécialisé en mécanique des sols a, sous
le regard du père tutélaire, amplement contribué à faire de Géotec un groupe de sondage et d’ingénierie structuré qui compte dans le paysage français de la géotechnique, au top 3 en chiffre d’affaires.
Ce sera finalement à ce père de trois enfants, volant de ses propres ailes, qu’il incombe de piloter une nouvelle étape décisive pour l’avenir du groupe Géotec : l’internationalisation.
Un développement que son père, décédé prématurément le 22 novembre 2016, avait tenté naguère, sans succès, et redessiné les contours dès la fin des années 2000. Pour sa première incursion au-delà des frontières, Olivier Barnoud choisit de se poser à Dakar où il rachète Sénélabo, conçue comme base d’expansion en Afrique de l’Ouest. Et l’année suivante, fin 2017, il jette son dévolu sur le belge Verbeke, sa maîtrise de la géothermie et l’ouverture sur les marchés hollandais et allemand.

Dans la famille Barnoud, la connaissance et la reconnaissance des sols semblent inscrites dans les gènes. François Barnoud, le père, ingénieur de l’École nationale supérieure des arts et métiers (Ensam), docteur en mécanique des sols de l’université de Grenoble, a sans conteste les bases théoriques. Par ses missions à travers la France pour le compte de la Société de géotechnique (Sogéo), il acquiert la connaissance du terrain, en profondeur.

Rompu au terrain, aux analyses comme aux études, ce musicien passionné de jazz décide de créer sa propre société, exploite une foreuse d’occasion et installe son premier laboratoire… dans les sous-sols de sa maison. Nous sommes en 1973, Géotec est née. Et prospère rapidement.
Dans ces années-là, Olivier Barnoud, fils aîné, né en 1967, un an avant son frère Frédéric, fréquente en famille les caveaux et clubs de jazz du quartier Saint-Michel, à Paris. Sans doute empli d’admiration pour son père, il se prédestine déjà à suivre ses traces : « Aussi loin que portent mes souvenirs, dès la primaire, j’ai toujours voulu être ingénieur ! » La cause était entendue. Il ne lui restait qu’à advenir. Il intègre l’École centrale de Lyon en 1987, d’où il sortira, trois ans plus tard, ingénieur diplômé en génie civil avec une spécialité de… mécanique des sols. Suivra la découverte du monde professionnel, qu’il fera loin du second « nid » familial qu’aurait déjà pu constituer Géotec.
La société dijonnaise commence alors à tisser sa toile au niveau national, et dispose de succursales à Nantes (1981), Orléans (1986), Lyon (par le rachat de Sol Investigations, en 1990) et enfin Bordeaux. Olivier Barnoud, lui, choisit de faire ses preuves en entreprises de travaux. D’abord chez Bachy, où il gagnera ses premiers galons au bureau d’études ; puis au sein de Soletanche Bachy, où il put se confronter au(x) terrain(s) et mettre en pratique ses connaissances. Cette période dura
10 ans, avec plusieurs faits d’armes notables, dont la réalisation, au milieu des années 1990, des infrastructures de la gare Masséna, sur la ligne 14 du métro parisien, « Le chantier était placé sous la triple maîtrise d’ouvrage de la Semapa, de la SNCF et de la RATP », se souvient-il encore. L’apprentissage était achevé et le temps venu de rejoindre le groupe familial. « J’avais acquis une expérience qui me rendait légitime pour accéder directement à des fonctions directoriales », explique-t-il avec simplicité.

 

À L’ÉPREUVE DU MANAGEMENT


De 1990 à 2001, Géotec grandit. L’entreprise de géotechnique a poursuivi sa croissance organique en additionnant patiemment les agences à Paris et Nancy (1993), Lille et Mulhouse (2000). En 2001, l’arrivée d’Olivier Barnoud dans la société correspond a une période d’euphorie générale pour les acteurs de la filière construction, Géotec en tête. Cette seule année, 5 nouvelles agences sont créées (Toulouse, Marseille, La Rochelle, Besançon, Auxerre). La PME renforce aussi sa position sur le premier marché national en prenant le contrôle de Géotechnique Appliquée Île-de-France (GAIDF). Olivier Barnoud, en devient le directeur, comme de l’agence parisienne de Géotec où il prend ses quartiers à Quetigny . « Avec mon père, nous avons toujours travaillé de concert, mais à distance », ajoute-t-il dans un sourire. Ses fonctions s’étendent rapidement au poste de directeur opérationnel, avec en « cadeau » sa première grande opération de réorganisation. « En 2003, Géotec souffrait d’une crise de croissance. Il fallait structurer l’ensemble et en faciliter la gestion », explique-t-il. Dont acte ! Le groupe découpe la France en quatre grandes régions, placées sous la responsabilité d’un directeur opérationnel supervisant la région, les agences et l’exploitation. Le réseau informatique est développé pour permettre la transmission directe des données (facturation clients, notamment). Les opérateurs peuvent se concentrer sur leurs tâches. Fin 2018, ce chantier est repris avec la mise en place du tout numérique, cette fois : les techniciens devront tous reporter les données de forage sur une tablette. Ensuite, les laborantins passeront eux aussi au « zéro papier ».

 

UNE CULTURE D’ENTREPRISE RESPECTUEUSE DE L’HUMAIN
La société Géotec, devenue un groupe, s’attache aussi à placer à chaque niveau des hommes de confiance qu’elle sait fidéliser.
« Nous sommes un groupe dont le caractère familial est assumé. Nous ne brusquons ni les choses ni les hommes ! » GAIDF est un exemple. « La société née en 1965 existe toujours et aucun salarié ne nous a quittés », se félicite Olivier Barnoud qui devient, en 2003, directeur général de la holding présidée par François Barnoud.
L’année 2008 marque l’amorce d’une nouvelle phase cruciale de l’histoire de l’entreprise. Le groupe Géotec franchit la barre des 250 salariés, perd son statut de PME (et les aides l’accompagnant) au profit du titre d’entreprise de taille intermédiaire (ETI). La poursuite de la couverture du territoire national par le rachat de la société de forage SAF, ou de la croissance interne avec les agences de Chatellerault et d’Annecy, puis de Manosque et de Strasbourg l’année suivante, peut, elle aussi, sembler anecdotique. Elle l’est au regard de la crise financière mondiale qui affecte progressivement tous les secteurs de l’économie « réelle ». Les vents sont contraires mais Géotec doit avancer.
En 2010, le groupe trouve un partenaire financier en la banque d’affaires Edmond de Rothschild Investissement Partner (EDRIP) entre au capital et permet de continuer à hisser haut les voiles.

En six ans, 5 nouvelles agences verront le jour : Pau, Montpellier, Reims, Limoges et Caen. En parallèle, Géotec rachète la société guyanaise GSI, et se renforce à Lyon en acquérant les entreprises Gipea et Sete. Mais le ciel s’assombrit et l’entreprise doit traverser une épreuve à laquelle beaucoup ne survivent pas. En novembre 2016, Géotec perd son fondateur, et Olivier Barnoud son père et mentor. En janvier 2017, il prend ses responsabilités et la présidence de l’entreprise. Le groupe dont il hérite préserve sa structure juridique originelle (celle de 2003), à la seule différence que la famille Barnoud est désormais détentrice de 85 % des parts de Groupe Géotec. Le groupe est plus que jamais familial avec une liberté de manoeuvre importante.

 

L’INTERNATIONAL : NOUVEAU VECTEUR DE CROISSANCE

 

À ses activités principales de sondage, d’analyse de laboratoire et d’études de sol, se sont ajoutés, au fil des développements internes et des acquisitions, des métiers d’ingénieries complémentaires. Ces nouveaux services s’articulent autour de 4 pôles : l’environnement, le maritime, le diagnostic de structure, les risques naturels .
Un 5e pôle, de travaux cette fois, s’est imposé avec la reprise, fin 2017, de l’entreprise belge Verbeke : la géothermie sur sonde.Le président de Géotec confirme d’ailleurs par la reprise du 1er géotechnicien belge, son désir de faire valoir les savoir-faire du groupe à l’étranger.
Le rachat, un an plus tôt, du géotechnicien sénégalais Sénélabo en était le premier signe. « Nous avons pour objectif à 5 ans de réaliser 30 % de notre activité hors de France », souligne Olivier Barnoud, qui a trouvé en son frère cadet un soutien précieux pour mener à bien la campagne « export ». Entré dans le groupe Géotec en décembre 2017, Frédéric Barnoud a pris directement la direction générale de Verbeke. Pendant ce temps, Jeremy, l’aîné des enfants d’Olivier Barnoud vient de finir ses études d’ingénieur… métier auquel se destinent aussi son frère et sa soeur !

 

Philippe Morelli


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