Homme passionné et fort de son expérience dans le milieu des travaux publics de grande envergure, Didier Verrouil, 63 ans, issu de l’École des mines de Nancy, a rejoint SOLETANCHE BACHY dans les années 1980. En 2005, il est nommé directeur du développement chargé des filiales techniques, devient directeur de la zone Eurofrance, puis directeur général adjoint du groupe.
Aujourd’hui, directeur général de Soletanche Bachy, filiale de
Soletanche Freyssinet (division de génie civil spécialisé de VINCI), Didier Verrouil a, depuis sa prise de fonction en 2014, mis l’accent sur la sécurité, le recrutement, l’organisation décentralisée, et sur un plan d’entreprise dénommé «Robustesse ».
Solscope Mag : Y a-t-il une complémentarité entre toutes les filiales de Soletanche Freyssinet ?
Didier Verrouil : Le groupe – réuni autour de quatre métiers : le sol, les structures, le nucléaire et l’asset management – est un ensemble d’expertises complémentaires et de marques sans équivalent dans l’univers du génie civil spécialisé : Menard est spécialiste de l’amélioration des sols ; Terre Armée
est l’un des pionniers en matière de structures en sol renforcé ;
Freyssinet propose des solutions techniques intégrées dans deux grands domaines : la construction
et la réparation des structures ; Nuvia intervient dans le secteur du nucléaire ; Sixence apporte son
expertise dans les services et les solutions numériques dédiés aux ouvrages, aux sols et à l’environnement ; quant à Soletanche Bachy, nous sommes reconnus comme entreprise générale de fondations et de technologies du sol, et nous maîtrisons toute la gamme des procédés de géotechnique, de fondations spéciales, de travaux souterrains, d’amélioration et de dépollution des sols.
Solscope Mag : Quelle place occupe Soletanche Bachy dans le groupe en termes de chiffre d’affaires et d’effectifs ?
D. V. : En toute objectivité, et les chiffres parlent d’eux-mêmes, Soletanche Bachy représente 50 %
du groupe. En 2016, Soletanche Freyssinet a réalisé un peu plus de 3 milliards d’euros de chiffre
d’affaires, et Soletanche Bachy plus 1,5 milliard d’euros. Et au regard de notre carnet de commandes
qui est en croissance sur 2018, 2019, voire 2020, comme c’est d’ailleurs le cas depuis maintenant plusieurs années, l’on devrait atteindre d’ici-là les 2 milliards d’euros. Du côté des effectifs, le groupe compte 22 000 collaborateurs et Soletanche Bachy plus de 10 200 à travers la soixantaine de pays dans le monde où nous sommes présents.
Solscope Mag : Depuis votre arrivée à la tête de Soletanche Bachy, il y a maintenant un peu plus de trois ans, quels ont été les axes de développement que vous avez mis en place ?
D. V. : Avec mon équipe, nous avons travaillé sur la sécurité. Non pas par automatisme, mais il
nous est totalement évident que le personnel ne doit pas se blesser au travail, ni du reste s’user dans
ce cadre. J’ajouterais que la sécurité est un « driver d’excellence » qui tire l’ensemble de l’organisation vers le haut. L’autre action que j’ai menée s’est portée sur l’embauche, car, la croissance aidant, nous avons beaucoup recruté. Si l’ont veut attirer les jeunes talents – et l’entreprise internationale moderne
que nous sommes en a besoin –, nous devons montrer une certaine crédibilité, présence et efficacité, surtout face à la concurrence. Cependant, en France, nous avons la chance que nos métiers soient reconnus, ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays, comme par exemple aux Etats-Unis, où nos métiers jugés trop traditionnels n’attirent plus les jeunes générations. J’en profite pour parler du personnel : en effet, je suis satisfait de pouvoir compter sur des équipes compétentes, solides et
fidèles. Consolider notre organisation décentralisée est également un des domaines sur lesquels j’ai
travaillé. Avec 80 % de notre chiffre d’affaires réalisé à l’export, j’ai décidé de décentraliser nos compétences localement pour que les décisions soient plus rapides : c’est important d’avoir cet ancrage au niveau local avec des expertises fortes. Par exemple, le directeur de notre filiale en Colombie est… colombien ! Et il en est ainsi dans beaucoup de pays où Soletanche Bachy opère, que ce soit dans les zones d’Amérique du Nord, d’Amérique latine, d’Europe centrale, d’Asie ou d’Océanie. Les coordinateurs de zones sont également des collaborateurs locaux. Lorsque l’on parle le même langage, que l’on partage la même culture dans un même fuseau horaire, c’est une valeur ajoutée. Avec un tel maillage, notre entreprise a franchi une étape. Soletanche Bachy mérite plus que jamais ses galons d’« entreprise internationale ». Pour ce qui est du plan d’entreprise « Robustesse », il se décline en neuf axes sur les fondamentaux de notre métier. Il faut donc tenir compte des risques du sol, mais aussi des risques naturels d’où l’importance d’être bien ancrés sur nos fondamentaux. J’ai aussi actionné des leviers en ce qui concerne la recherche et les développements stratégiques tels que les travaux portuaires, les barrages, les digues, etc.
Solscope Mag : « Construire sur du solide », c’est le slogan de Soletanche Bachy. Qu’entendezvous par-là ?
D. V. : C’est une forme de clin d’oeil, une formule à double sens que nous avons déclinée à l’international. En clair, nous voulons montrer à nos clients qu’ils peuvent s’appuyer sur nous, compter sur nous. Est-il besoin de rappeler l’une de nos devises : « On ne doit jamais quitter un chantier sans avoir tenu ses engagements ».
Solscope Mag : Entreprise générale de fondations et de technologies des sols, Soletanche Bachy, spécialiste à l’origine de l’injection, s’est diversifiée. Quels sont vos secteurs clés ?
D. V. : Nés sous-traitant, nous avons souhaité élargir notre positionnement et nous nous sommes dit : « Pourquoi ne pas être pilote afin d’être en contact direct avec le client ? » Aujourd’hui, Soletanche Bachy est devenue une entreprise générale intégrée qui exécute tous travaux géotechniques puisque nous intervenons sur des projets de parkings souterrains, de bassins et d’assainissement, de tunnels et de métros, d’ouvrages portuaires ou de protection de l’environnement.
Solscope Mag : Bien que vous soyez le leader du secteur, vous êtes conscient qu’il ne faut jamais s’endormir sur ses lauriers. Quels sont vos atouts ?
D. V. : Nous ne pouvons pas nous permettre d’être uniquement un spécialiste de fondations et de technologies du sol, nous pouvons également compter sur un bureau d’études maison grâce à des
retours d’expériences uniques et diversifiées ce qui nous permet d’avoir une base de données conséquente et de qualité. C’est un atout. De ce fait, nous pouvons proposer des prix attractifs à nos clients parce que nous sommes capables d’optimiser un projet pour les convaincre, notamment pour des appels d’offres, comme nous l’avons fait, par exemple, pour le Grand Paris. De plus, notre
grand déploiement géographique de proximité est une composante importante que nos clients apprécient.
Solscope Mag : Et en matière de développement durable, comment vous situez-vous ?
D. V. : Chez Soletanche Bachy, nous sommes très sensibles aux différents aspects du développement
durable. Les clients vont naturellement être de plus en plus exigeants afin que les chantiers soient de plus en plus silencieux. Comme pour les voitures électriques, les citoyens constatent qu’il existe des solutions. Et c’est pour cela que nous commençons à équiper nos plus puissants engins de creusement en moteurs électriques plus silencieux. Nous allons même plus loin puisque, dans la phase projet, nous proposons à nos clients un bilan carbone.
Quant à notre matériel, autre exemple, la technologie Tier 4 sur les moteurs thermiques a considérablement évolué, et un effort très important a été réalisé sur la réduction des émissions de
GES et de particules fines.
Solscope Mag : Que ce soit en France ou à l’étranger, Soletanche Bachy est impliqué dans de nombreux projets d’envergure. Quels sont ceux qui vous tiennent tout particulièrement à coeur ?
D. V. : En dehors du projet phare du moment dans notre pays, le Grand Paris, pour lequel nous avons remporté trois des sept lots, je dois reconnaître que la réalisation de la troisième piste de l’aéroport international de Hong Kong est une réalisation d’envergure : il s’agit de mobiliser une flotte de 15 hydrofraises montées sur barges afin de réaliser des plots de soil mixing sous la mer. Ces plots de
renforcement sont un préalable indispensable pour assurer la stabilité des remblais qui vont élargir l’île artificielle sur laquelle est construit l’aéroport.
Les fondations profondes de la tour annoncée comme la plus haute du monde à Dubaï, dans les Émirats, font également partie de nos fleurons tout comme celles du métro sous un bâtiment historique
à Auckland, en Nouvelle-Zélande.
Solscope Mag : Pour être compétitif, il faut être innovant en matière de recherche et développement. Comment abordez-vous ce domaine ?
D. V. : Tout d’abord, il faut que vous sachiez que nous avons du matériel performant que nous améliorons constamment. Dans le domaine de l’amélioration des sols, nous avons développé le procédé Biocalcis® : nous injectons des bactéries et nous les nourrissons. Cela permet de transformer un sable en grès. Des applications nombreuses : réparation de murs en sol renforcé, protection des digues contre l’érosion, consolidation des pierres friables sur des monuments historiques.
L’arrivée des robots sur nos chantiers de forage est également un élément-clé. Le risque est important
autour des foreuses et, là, les robots sont adaptés.
Autant d’innovations qui ont permis à Soletanche Bachy d’être régulièrement primé lors des Prix de
l’innovation (20 prix de l’innovation FNTP à ce jour). Cela me semble important, car nous investissons
beaucoup dans la recherche et le développement.
Solscope Mag : Votre secteur connaît une activité croissante, mais quel regard avez-vous sur l’avenir ?
D. V. : Chez Soletanche Bachy, nous sommes attentifs aux nouvelles technologies telles que le « big data », et je suis convaincu qu’il faut prendre le train en marche. Face à toutes ces évolutions, aux diverses pressions, aux demandes et aux attentes, il faut toujours rester en éveil et répondre présent.
La concurrence est partout, en France comme à l’étranger. Elle nous pousse à nous améliorer constamment pour rester attractifs et compétitifs : inventer de nouvelles machines, de nouveaux procédés, optimiser les projets. Les grands projets comme le Grand Paris nous donnent une promesse
d’activité dans la durée et nous permettent de recruter, de former, d’engager d’importants investissements en R&D et en nouveaux matériels, sans craindre à court terme un effondrement de l’activité comme la profession a pu en connaître dans un passé récent.
C’est une très belle opportunité de démontrer notre savoir-faire et le talent de nos équipes.
Propos recueillis par
Dominique Roudy
GÉOTECHNIQUE FORAGE FONDATIONS FORAGE D'EAU ESSAIS
M² EXPOSITION INTÉRIEURE
6000
EXPOSANTS
190
M² EXPOSITION EXTÉRIEURE
1 500
PARTICIPANTS
3000